Accusant les libéraux d'avoir mis la révision du droit de la famille « sur une tablette », la ministre de la Justice, Sonia LeBel, a « l'intention de faire cette réforme dans le premier mandat ». « À tout le moins qu'elle soit suffisamment bien engagée pour qu'on ne puisse plus reculer par la suite », a-t-elle précisé mercredi.

Elle a fait cette sortie à la suite de la publication d'un manifeste de huit ex-ministres réclamant de moderniser les lois en la matière.

Sonia LeBel n'a pas voulu se fixer un échéancier précis, mais elle a assuré qu'elle ne se traînera pas les pieds. « Je n'ai pas l'intention d'étirer ça ad vitam aeternam. L'objectif est de déposer éventuellement un projet de loi. Je ne vous dirai pas dans combien de temps parce que j'ai du travail à faire », a-t-elle affirmé à l'entrée de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres.

Selon elle, « le point de vue du comité » sur le droit de la famille présidé par Alain Roy en 2015 « et le consensus qui semble se dégager au sein de la population, c'est de revoir le droit de la famille en mettant les intérêts de l'enfant au coeur de cette situation. Le droit n'est pas adapté de façon optimale à l'heure actuelle ».

La principale recommandation du comité est d'instaurer des obligations financières pour les conjoints québécois l'un envers l'autre dès la naissance d'un enfant, peu importe qu'ils soient mariés ou non (donc conjoints de fait). Sonia LeBel ne s'est pas prononcée clairement sur le sujet. « Est-ce qu'on va avec un opting in ou un opting out. Est-ce qu'on crée des liens juridiques d'entrée de jeu et on demande aux gens de s'en défaire ? Je n'ai pas de réponse pour l'instant », a-t-elle dit.

Parmi les 82 recommandations, d'autres touchaient la filiation, l'autorité parentale, l'adoption, la procréation assistée, les mères porteuses. Ce dernier sujet fera partie de la réforme, a signalé la ministre.

Le gouvernement Couillard avait écarté ce dossier qui, selon lui, est controversé. « Je ne pense pas que ce soit impopulaire, a dit Mme LeBel. Je pense que ça vient avec un lot de difficultés. Mais je pense que ce n'est pas des mandats qui m'ont fait peur dans le passé. Alors ça ne sera pas quelque chose qui me fera reculer », a-t-elle dit.