Le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, a nié mardi s'être placé dans une situation de conflit d'intérêts en laissant entrevoir un investissement public dans Bombardier alors qu'il était actionnaire d'un de ses fournisseurs.

M. Fitzgibbon a siégé sur le conseil d'administration de la société Héroux-Devtek, qui conçoit et fabrique des trains d'atterrissages pour avions. Il a aussi confirmé avoir été actionnaire de la société.

Mais dès le lendemain de l'élection du 1er octobre, il dit avoir quitté ses fonctions dans l'entreprise et placé tous ses avoirs dans un compte discrétionnaire administré par son courtier.

« Depuis des années, c'est un courtier qui gère toutes mes actions, a dit M. Fitzgibbon. Quand j'ai quitté le conseil d'Héroux-Devtek, mes actions ont basculé dans ce compte-là. Et depuis le 3 octobre, je ne vois pas ce qui est dans mon compte. »

Le ministre a dit avoir constitué une fiducie sans droit de regard au cours des derniers jours, tel que le prescrit le code d'éthique de l'Assemblée nationale.

Afin de dissiper tout doute sur sa conduite, il se dit favorable à ce que la commissaire à l'éthique, Ariane Mignolet, se penche sur la question.

« Je suis très à l'aise d'avoir une enquête », a-t-il résumé.

Pierre Fitzgibbon a tenu une série de rencontres avec les acteurs de l'industrie aéronautique après que Bombardier eut annoncé la mise à pied de 2500 travailleurs au Québec dans le cadre d'une restructuration. Vendredi, au terme d'une rencontre avec le PDG de l'entreprise, Alain Bellemare, il s'est dit « ouvert » à ce que Québec investisse pour sauver les jets régionaux CRJ de Bombardier.

François Legault a estimé ce matin que son ministre ne s'est « pas du tout » placé en situation de conflit d'intérêts, sans élaborer davantage.

L'opposition voit les choses tout autrement. Elle demande au premier ministre d'évincer M. Fitzgibbon du dossier Bombardier.

Le chef du Parti libéral, Pierre Arcand, a rappelé que le chef de la Coalition avenir Québec s'est montré beaucoup plus sévère lorsqu'un adversaire politique s'est retrouvé dans une situation semblable.

« À l'époque, François Legault réclamait que M. Péladeau vende ses actions, a rappelé M. Arcand sur Twitter. Maintenant que son ministre de l'Économie se retrouve dans une situation semblable, une fiducie sans droit de regard est acceptable. Deux poids, deux mesures. »

Le député péquiste, Martin Ouellet et la députée solidaire Ruba Ghazal ont tous deux appelé la commissaire à l'éthique à se pencher sur le dossier.

« Après avoir houspillé les libéraux pendant 4 ans pour leur manque de transparence et d'éthique, il n'aura fallu que quelques semaines au gouvernement de la CAQ pour se retrouver avec une situation d'apparence de conflit d'intérêts », a ironisé Mme Ghazal dans une déclaration écrite.