La communauté sikhe s'inquiète de la volonté de la Coalition avenir Québec d'interdire le port des signes religieux dans la fonction publique si elle est portée au pouvoir.

«Malheureusement, certains utilisent cet enjeu comme une pomme de discorde. Mais le Québec est un lieu diversifié et accueillant», a réagi Mukhbir Singh, président de la World Sikh Organisation of Canada. Celui-ci était de passage lundi matin à l'hôtel de ville de Montréal pour réclamer l'ouverture d'un dialogue entre sa communauté et les quatre principaux partis provinciaux. Il en a profité pour réagir à la sortie du chef de la CAQ, François Legault, qui s'est engagé à imposer la laïcité s'il est porté au pouvoir.

«Il n'y a aucune preuve suggérant que les sikhs portant le turban constituent une menace pour les droits et libertés des autres. Il n'y a aucune preuve que le port du turban affecte négativement leur performance ou se traduit en inégalités», a indiqué Mukhbir Singh.

Les représentants de la communauté indiquent que leurs croyants ne peuvent retirer leurs signes pendant leur travail pour les remettre ensuite. «Pour les sikhs, c'est un article de foi. On ne peut pas les enlever quand on se baigne, on mange, on vit, c'est sur nous» dit Amrit Kaur, vice-président pour la section québécoise de la WSO.

Appuyant les démarches de la communauté sikhe, le conseiller municipal Marvin Rotrand estime que l'imposition de la laïcité sera contestée devant les tribunaux. «Avant de prendre une position ferme, il faut tout dialogue avec toutes les communautés. Des gens disent des choses qui semblent contrevenir à la Charte canadienne des droits et libertés sans connaître les communautés ou leurs besoins. Notre société doit être laïque, mais être laïque, c'est respecter toutes les religions, toutes les origines», a estimé l'élu montréalais.

Surtout, cette fermeture risque de placer le Québec dans une position contradictoire avec le reste du pays, ajoute M. Rotrand. «Qu'est-ce qui arrive si Jagmeet Singh devient notre prochain premier ministre? Aurait-il le droit d'entrer à l'Assemblée nationale avec son turban et son kirpan? Les règles actuelles disent non», déplore le conseiller municipal.