Après une journée difficile marquée par le départ de François Ouimet, les libéraux ont sans doute voulu donner l'image d'un chef plus compréhensif à l'endroit de ses députés. Pierre Paradis sera finalement réintégré au sein du Parti libéral.

Selon les informations obtenues par La Presse, l'affaire s'est bouclée plutôt rapidement, hier après-midi. Le caucus des députés avait été réuni par conférence téléphonique. M. Couillard a souligné qu'il croyait opportun de réhabiliter l'ex-ministre de l'Agriculture, et l'affaire a été expédiée promptement.

Les événements de la journée, le point de presse de François Ouimet, avaient éraflé l'image d'humaniste du chef libéral.

« On vit dans un État de droit. Nous avons eu une discussion entre nous, la police a fait son travail, et qu'il soit réintégré au sein du parti, c'est la bonne chose à faire, compte tenu de ses états de service », a affirmé un membre du gouvernement, sous le couvert de l'anonymat.

M. Paradis avait été expulsé du caucus au début de 2017, alors que planaient au-dessus de sa tête des allégations d'inconduite sexuelle formulées par son ex-chef de cabinet, Valérie Roy. La Sûreté du Québec avait mené son enquête et transmis son rapport au Directeur des poursuites criminelles et pénales, qui avait conclu qu'aucune accusation ne devrait être portée. Mais M. Paradis n'est pas réapparu à l'Assemblée nationale depuis décembre 2016. Il a subi en janvier 2017 une grave commotion cérébrale dont il ressent encore les séquelles - il n'a toujours pas le droit de conduire son automobile. Depuis, M. Paradis restait en marge du caucus libéral, considéré comme un « député indépendant ».

Une réhabilitation plutôt symbolique ?

Il est clair que Pierre Paradis ne réapparaîtra pas aux prochaines réunions du caucus de Philippe Couillard. Sa réhabilitation vise avant tout les livres d'histoire.

Dans une conversation récente avec Philippe Couillard, qui voulait savoir s'il comptait se représenter dans Brome-Missisquoi, il avait fait savoir qu'il souhaitait pouvoir terminer sa carrière comme « libéral », que ce soit explicitement inscrit aux archives de l'Assemblée nationale. M. Couillard ne s'était pas engagé, mais avait soulevé la question lors d'un caucus des députés à Montréal, samedi dernier.

Certains élus s'étaient alors montrés réticents. Pierre Moreau s'interrogeait sur l'opportunité d'un tel geste, l'interprétation qu'en feraient les électeurs, à la toute veille des élections.

Plusieurs, dont Hélène David, ministre de l'Enseignement supérieur, ont dit craindre l'impact d'une réintégration auprès des électrices.

Le caucus n'avait pas tranché samedi dernier. Hier, Philippe Couillard a d'entrée de jeu souligné qu'il avait pris sa décision : M. Paradis serait réintégré. Selon des sources fiables, Pierre Moreau aurait souligné qu'il avait voulu qu'on réfléchisse à tous les aspects de la décision samedi, mais qu'il se ralliait sans hésitation à la décision prise.