Juste après que le premier ministre ait dit que l'absence d'investigation sur les blessures graves infligées par la police à une femme inuite du Nunavik en avril était « troublant », la police des polices a annoncé qu'une enquête serait ouverte.

La Presse a révélé ce matin que Maina Aculiak avait subi de multiples fractures, une perforation du poumon et des lacérations aux organes vitaux lorsqu'un pick-up du Corps de police régional Kativik (CPRK) l'a heurtée au cours d'une intervention dans le village nordique d'Umiujaq.

« Le BEI a été informé une première fois peu de temps après l'événement le 4 avril, mais le diagnostic alors confirmé faisait état d'un bras cassé », indique le communiqué du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), la police des polices. « Suite à de nouvelles informations rapportées au BEI qui faisaient état de blessures beaucoup plus sérieuses que celles relatées le 4 avril, des démarches ont été entreprises afin de connaître l'évolution de la situation. Ces démarches permettent aujourd'hui de conclure que la femme de 48 ans a subi des blessures graves lors de cette intervention policière. »

L'enquête se penchera sur les actions des policiers impliqués, mais visera aussi à « déterminer si les informations communiquées concernant l'événement étaient exactes et de faire toute la lumière sur celui-ci et ses suites », a continué le BEI.

Deux poids, deux mesures ?

Il est « troublant » que la police des polices ait refusé d'ouvrir une enquête sur une femme inuite blessée gravement après avoir été volontairement happée par une camionnette des forces policières en avril, a estimé le premier ministre Philippe Couillard juste avant l'annonce du BEI.

Il demande des comptes au Bureau des enquêtes indépendantes sur les motifs de sa décision. Son choix de ne pas faire une enquête pourrait être une preuve de la pratique du deux poids deux mesures dénoncée depuis des années à l'égard des autochtones, selon M. Couillard.

« Ça pourrait être un exemple de ça, effectivement. Je ne veux pas essayer de m'évader de cette question-là. Il est possible que ce soit un exemple qui suscite cette question à nouveau », a-t-il répondu aux journalistes lors d'une mêlée de presse mardi. 

« C'est certain que les faits rapportés sont hautement troublants », a affirmé M. Couillard. « Je vais vouloir obtenir des informations (...) sur les raisons qui ont motivé le Bureau des enquêtes indépendantes de ne pas faire d'enquête. »

« À voir l'état de la personne, elles semblent assez graves », a répliqué M. Couillard. « C'est ça qui me frappe et je pense que c'est ce qui frappe tous les lecteurs. Alors on va aller plus loin et on vous reviendra. »