La Coalition avenir Québec (CAQ) souhaite déménager le Salon de jeu de Québec pour en faire un casino dans un quartier touristique. Si le projet est embryonnaire (le parti doit d'abord se faire élire), il inquiète déjà les gens d'affaires de Charlevoix, où un tel établissement existe à La Malbaie.

LA SITUATION ACTUELLE

Contrairement à Montréal, la capitale nationale n'a pas de casino. À Québec, on parle plutôt d'un Salon de jeux, exploité par Loto-Québec, situé dans un centre commercial « aux limites des circonscriptions de Vanier-Les Rivières et de Jean-Lesage, où l'on retrouve le plus bas revenu moyen des ménages au Québec », estime la CAQ. 

Si elle est élue le 1er octobre prochain, la formation politique de François Legault promet de mener une étude « en six mois ou un an » pour trouver un endroit où déménager le Salon de jeux et possiblement en faire un casino. « Je suis persuadé qu'on peut faire tout ça à l'intérieur d'un mandat, c'est indéniable. Si on construit un pont à l'intérieur d'un mandat, on va être capable de faire un casino, ça, c'est sûr », a dit hier à La Presse François Bonnardel, leader parlementaire de la CAQ.

OÙ ET POURQUOI ?

Selon François Bonnardel, « Québec est une des grandes villes du monde » où il existe un marché pour un casino. Celui-ci pourrait être situé « dans le coin du Vieux-Port », dit-il, quoique son emplacement exact reste à être déterminé. « Quand on pense aux bateaux de croisière, aux touristes, quand on pense à ceux qui arrivent en train, ce serait selon moi un environnement plus adéquat que d'avoir un Salon de jeux » au centre commercial Fleur de lys, explique le député caquiste. À la CAQ, on justifie ce projet en termes de santé publique afin d'éloigner l'offre de jeux des populations vulnérables. « Pour moi, l'important, c'est de sauver des vies », dit M. Bonnardel, qui reconnaît tout de même qu'avec un casino, « les revenus pourraient être plus importants pour Loto-Québec ».

ET CHARLEVOIX ?

Le projet de la CAQ ne fait toutefois pas l'unanimité. Julien Dufour, président de la Chambre de commerce de Charlevoix, assure que les gens d'affaires qui bénéficient des visiteurs au casino de La Malbaie seront « assurément aux aguets ». « Ce n'est pas la première fois qu'on entend parler [d'un tel projet], mais heureusement, ça ne s'est jamais produit », dit-il, qualifiant l'annonce de la CAQ de « ballon d'essai ». Au Parti québécois, la députée de Taschereau, Agnès Maltais, dénonce « farouchement » le projet caquiste, qui est une « attaque frontale envers la vitalité économique de Charlevoix ». « Si les acteurs économiques de la région de Québec et de Charlevoix, pas la CAQ, veulent faire une proposition, on va la regarder », dit pour sa part le chef péquiste Jean-François Lisée. La Chambre de commerce et d'industrie de Québec et le cabinet du maire Régis Labeaume ont refusé de commenter l'affaire.

UNE QUESTION DE SANTÉ PUBLIQUE ?

En annonçant son projet de déménager le Salon de jeux de Québec, le député François Bonnardel l'a justifié en parlant de santé publique et dans l'optique « d'aller chercher les sous [dans la poche des] touristes et moins [dans celle] des plus démunis ». « On est en train de stigmatiser le quartier », rétorque pour sa part le ministre des Finances, Carlos Leitão. « Le Salon de jeux est au bord d'une autoroute à côté d'un centre d'achats. Le déplacer, à notre avis, ça ne règle pas la question » de mieux contrôler le jeu pathologique, dit-il. « L'idée de transformer ce Salon de jeux en casino, je ne suis pas rendu là du tout », insiste le ministre Leitão. La Direction de santé publique de la Capitale-Nationale a refusé hier de commenter le projet de la CAQ.

- Avec Denis Lessard, La Presse