Le gouvernement Couillard a officiellement demandé la collaboration des partis de l'opposition, jeudi, pour que l'Assemblée nationale avalise le changement de propriété de La Presse.

Le leader parlementaire du gouvernement Couillard, Jean-Marc Fournier, a écrit à ses homologues de l'opposition et aux députés indépendants pour sonder leur intérêt. Il espère une réponse rapide de leur part.

M. Fournier a discuté de la question avec la direction de La Presse jeudi dernier, avant l'annonce qu'a faite La Presse mardi. Il se dit favorable à un changement législatif qui permettrait au quotidien de passer sous le contrôle d'une fiducie d'utilité sociale. Il souligne qu'il s'agit du seul média qui doit obtenir l'aval de l'Assemblée nationale pour être vendu.

«Ils sont pris avec une obligation particulière, a résumé M. Fournier. Et donc, pour les mettre dans la même situation que tous les autres, on procéderait à une dernière autorisation législative avant les futures ventes.»

Il a rappelé que le changement législatif vise à permettre le changement de propriété de La Presse, et non à lui fournir une aide financière de l'État.

Mais puisque la session parlementaire se terminera dans un peu plus d'un mois, l'appui des partis de l'opposition sera incontournable, a prévenu M. Fournier.

«La seule possibilité, c'est que j'aie un consentement des autres partis et qu'on règle en une journée, un, deux, trois, a-t-il dit. Je ne suis pas là pour empêcher La Presse. Si je peux faciliter, ça va. Mais je ne peux pas faciliter seul à cette étape de nos travaux.»

Les partis de l'opposition ont tenu des rencontres avec la direction de La Presse, mercredi.

Lisée exprime des réserves

Au terme de sa rencontre, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a réclamé la tenue d'une commission parlementaire pour étudier un éventuel projet de loi.

Jeudi, il s'est montré intéressé par la proposition de M. Fournier.

«On est prêts à faire les consultations en une journée, a-t-il dit. On peut avoir la discussion du projet de loi de façon très brève. Si le premier ministre et M. Fournier veulent déposer un projet de loi public, on a dit une journée de consultation, deux demi-journées de consultation en une journée. Nous ça nous va.» 

M. Lisée a cependant émis quelques réserves. Le président du conseil d'administration de la future fiducie sera nommé conjointement par la direction de La Presse et par Power Corporation. Le chef péquiste craint que cette formule permette au conglomérat de conserver le contrôle du quotidien. 

«La désignation unilatérale de l'ensemble des membres du conseil d'administration et leur auto-nomination pour des siècles et des siècles ne me paraît pas le meilleur argument qu'on peut avancer pour assurer l'indépendance de La Presse», a indiqué M. Lisée.

La Coalition avenir Québec et Québec solidaire n'ont pas pris position sur la lettre de Jean-Marc Fournier, jeudi. Ils comptent annoncer leurs couleurs sur le changement de propriété de La Presse la semaine prochaine, après des discussions au sein de leurs caucus.

La direction de La Presse a annoncé mardi que Power Corporation va se départir du quotidien qui deviendra un organisme à but non lucratif. Mais pour ce faire, l'Assemblée nationale doit abroger une loi privée adoptée en 1967, par laquelle Québec peut intervenir dans le choix d'un propriétaire.