N'en déplaise à François Legault, le ministre des Finances, Carlos Leitão, ne s'excusera pas à la Coalition avenir Québec pour l'avoir associé au « nationalisme ethnique ».

M. Legault a demandé au premier ministre Philippe Couillard de rappeler son grand argentier à l'ordre, mercredi, après la publication d'une entrevue du ministre au quotidien The Gazette.

Au terme d'une consultation prébudgétaire avec des groupes communautaires anglophones, M. Leitão a déclaré au quotidien que la CAQ propose «  un nationalisme ethnique » (« an ethnic based nationalism »).

« Je n'ai pas peur des mots, a affirmé M. Leitão. C'est ce que c'est. Ils perçoivent la majorité francophone comme attaquée par tous les étrangers. »

En conférence de presse, mercredi, M. Legault exigé des excuses.

« Je ne peux pas croire que Philippe Couillard va accepter qu'un ministre important, le ministre des Finances, dise qu'il y a un parti raciste à l'Assemblée nationale, a dénoncé M. Legault. Il n'y a aucun parti raciste à l'Assemblée nationale. »

À ses yeux, la sortie du ministre s'inscrit dans une « campagne de peur » orchestrée contre son parti.

« On le voit depuis un certain temps, les libéraux mènent une campagne préméditée de mensonges organisés, de salissage », a dénoncé M. Legault.

Mais la demande d'excuses restera lettre morte. Au terme d'une réunion du conseil des ministres, M. Leitão n'a guère renié ses propos. Il a souligné qu'il n'a jamais qualifié la CAQ de « raciste », contrairement à ce que soutient M. Legault.

« J'ai dit par contre que la CAQ aime bien diviser, a lancé M. Leitão. Ils aiment mieux diviser que mobiliser. C'est ce que j'ai souligné la semaine dernière. »

Ce n'est guère le premier choc entre le PLQ et la CAQ sur la question identitaire. Il y a deux ans, le premier ministre Philippe Couillard a accusé François Legault de « souffler sur les braises de l'intolérance » lors d'un débat sur son projet de hausser le seuil d'immigration de 50 000 à 60 000 personnes par année.

Aux yeux du chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, ce nouvel épisode témoigne de l'«intolérance crasse» des libéraux face à d'autres visions du nationalisme québécois.

« À chaque fois qu'ils voient quelque chose qui n'est pas exactement comme ce que disent les libéraux, ils utilisent des termes comme ceux-là, a déclaré M. Lisée. Et ça fait partie du cynisme libéral. On en a souper de ça, les gens ne veulent plus de ça. »

Invitée à commenter le choc entre M. Legault et M. Leitão, la députée de Québec solidaire Manon Massé les a renvoyés dos à dos.

« M. Leitão assumera ses paroles, comme M. Legault doit aussi assumer que lorsqu'il envoie un message comme "il y a trop d'immigrants", ça peut créer un certaine onde de crainte et de peur chez nos concitoyens », a-t-elle ironisé.