Jean-Marc Fournier ne sollicitera pas un nouveau mandat le 1er octobre prochain, mais il assure que son choix de quitter la vie politique ne s'explique en raison des derniers sondages qui placent le Parti libéral en deuxième position dans les intentions de vote.

« Je ne fuis pas et je suis convaincu qu'on va gagner les prochaines élections », a affirmé le leader parlementaire du gouvernement, lundi, annonçant après des semaines de réflexion qu'il souhaitait laisser son siège dans le bastion libéral de Saint-Laurent à un nouveau visage.

« À un moment donné, si on veut des nouveaux visages, il faut bien qu'il y en ait qui quittent. (...) Espérer ces nouveaux visages pour le Parti libéral pour la prochaine campagne, pour le prochain gouvernement, me semble assez important. Il est clair que la question du changement est une question et je crois que le Parti libéral du Québec est encore celui qui peut le mieux l'offrir avec des nouveaux visages », a-t-il dit depuis la salle Évelyn Dumas de l'Assemblée nationale.  

Sixième député libéral à annoncer son départ, alors que sa collègue ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, le faisait aussi il y a quelques jours, Jean-Marc Fournier refuse de s'inquiéter de l'avance que maintient la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault en ces mois préélectoraux. 

« À l'époque, on cristallisait l'élection très tôt. Aujourd'hui, la dernière semaine d'une campagne électorale compte encore. Le vote par anticipation est terminé et une nouvelle peut [tout] faire changer », a analysé celui qui occupe aussi le poste de ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne au sein du gouvernement Couillard.

S'il ne sera pas candidat dans la circonscription de Saint-Laurent, qu'il occupe depuis un premier retour en politique en 2010, M. Fournier sera toutefois de la prochaine campagne électorale, suivant Philippe Couillard dans l'autobus du chef libéral à titre de conseiller. 

« La création de richesse, pour pouvoir la partager, demeure le principe qui doit guider la prochaine gouvernance. (...) Tout ce qu'on doit faire quand on est député, c'est beaucoup dans l'ordre des services. Comment aider ceux qui sont mal pris. C'est impossible de le faire si l'économie tourne au ralenti », a dit le député libéral en guise de souhait qu'il adresse aux prochains candidats libéraux.

Une carrière marquée par la division Québec-Canada   

Jean-Marc Fournier est arrivé comme conseiller politique à Québec en 1990 dans le climat tendu de l'échec de l'accord du lac Meech. Avocat, il a accompagné les députés libéraux à la commission Bélanger-Campeau sur l'avenir politique et constitutionnel de la province. Au cours des derniers mois, cette question était toujours centrale à sa vie de député, alors qu'il a parcouru le Canada pour y faire la promotion de la Politique d'affirmation du Québec intitulé « Québécois, notre façon d'être Canadiens ». 

« Le Québec a changé, le Canada a changé et cette politique a la possibilité de nous donner de meilleures relations et une meilleure appartenance [au Canada], ce qui n'enlèvera jamais en rien notre allégeance première au Québec », a dit M. Fournier lundi. 

Après l'élection, Jean-Marc Fournier dit vouloir prendre une pause pour l'automne. Sans l'exclure de façon non équivoque, il ne prévoit pas pour l'instant faire un retour en politique dans les coulisses et les officines libérales, à tout le moins pas à Québec. 

« Je n'ai aucune idée de ce que je vais faire à l'avenir. Je considère que la politique d'affirmation du Québec est un élément important que je laisse derrière moi. Si tant est que quiconque [souhaite] en apprendre ou en faire plus dans ce domaine, qu'il soit dans l'horizon politique ou académique, cela me plairait », a-t-il toutefois affirmé. 

Dans un discours écrit, dont il a fait la lecture devant les journalistes à l'Assemblée nationale, M. Fournier a vanté le bilan économique de son parti, tout en saluant ses collègues et sa famille, car « la politique est un don de soi, pas seulement pour celui qui est élu. »

Sur son indemnité de départ qu'il obtiendra à la fin de son mandat (sa deuxième en politique, puisqu'il en a également obtenu une en 2008 lors d'un premier départ de l'Assemblée nationale), M. Fournier compte bien y toucher. 

« Ça fait parti des conditions de travail (...) et des allocations de transition », a-t-il affirmé, soulignant au passage que des députés des autres formations politiques comptent eux aussi encaisser le chèque à la sortie.   

Quelques dates clés sa carrière 

- Jean-Marc Fournier est né à Châteauguay en 1959. Il aura 59 ans en octobre. 

- En 1982, il est devenu membre du Barreau du Québec, puis a pratiqué le droit comme avocat associé jusqu'en 1988 au cabinet Lord, Fournier et Tourangeau. De 1989 à 1991, il a été avocat consultant, s'impliquant activement en politique comme conseiller dès 1990 et comme responsable des opérations de la campagne à la direction du Parti libéral du Canada, aux côtés de Paul Martin.

- De 1992 à 1994, Jean-Marc Fournier a travaillé à titre de directeur de cabinet adjoint du ministre de la Justice et ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, puis comme directeur de cabinet du ministre de l'Emploi, à Québec. 

- En 1994, M. Fournier a été élu pour la première fois à l'Assemblée nationale dans la circonscription de Châteauguay. Il sera alors député pour quatre mandats consécutifs, occupant d'abord les fonctions de porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires intergouvernementales canadiennes, puis de porte-parole en santé. Une fois au gouvernement, dès 2003, M. Fournier est nommé ministre des Affaires municipales - responsable notamment de gérer l'épineux dossier des défusions - puis ministre de l'Éducation. Dans le mandat suivant, il a obtenu le portefeuille du Revenu.

- En 2008, Jean-Marc Fournier a effectué un premier retrait de la vie politique. Il a alors fait un court mandat dans une filiale de SNC-Lavalin, avant de revenir en politique active en 2010 en se présentant à l'élection partielle dans la circonscription de Saint-Laurent, abandonnée par l'ex-ministre Jacques Dupuis. 

- De 2010 au retour des libéraux sur les bancs de l'opposition, en 2012, M. Fournier a été ministre de la Justice, ministre responsable des Réformes des institutions démocratiques et de l'Accès à l'information, puis leader parlementaire du gouvernement. Lors du court mandat minoritaire du Parti québécois, M. Fournier a occupé le poste de chef intérimaire de l'opposition officielle jusqu'à l'élection de Philippe Couillard. 

- Après le retour au pouvoir des libéraux en 2014, Jean-Marc Fournier a été nommé ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, et il occupe également toujours le poste de leader parlementaire du gouvernement.