Le premier ministre Philippe Couillard a présenté, mercredi, la toute première stratégie numérique québécoise, qu'il accompagne d'une enveloppe de 1,5 milliard sur cinq ans. De cette somme, 500 millions avaient déjà été annoncés.

M. Couillard était accompagné de sept ministres lors de l'annonce, mercredi matin, au Musée de la civilisation, à Québec.

Il a dit souhaiter que le Québec se démarque en tant que leader numérique. La stratégie du gouvernement comprend donc sept orientations, qui se déclinent chacune en une cible à atteindre d'ici cinq ans:

- que 100% des citoyens aient accès à des services internet à haute vitesse;

- que le Québec figure parmi les chefs de file de l'OCDE en matière d'enseignement des compétences numériques;

- que 90% de la mise en oeuvre de l'orientation sur l'administration publique de la stratégie se réalise;

- qu'au moins 75% des citoyens bénéficient de la transformation numérique des municipalités;

- que l'ensemble des entreprises québécoises rehaussent leur intensité numérique de 50%;

- que 100% des citoyens puissent interagir de façon numérique avec le réseau de la santé;

- que l'offre culturelle québécoise soit davantage visible et consultée sur les réseaux numériques.

Québec crée aussi un Conseil du numérique, qui sera chargé de suivre la mise en application des orientations.

En conférence de presse mercredi, M. Couillard a déclaré qu'il fallait dorénavant «penser, agir et interagir» différemment au Québec.

«Ce n'est pas un luxe, ce n'est pas une option, c'est une nécessité absolue de rendre le Québec au même niveau et même en avant des autres sociétés industrialisées sur la question de l'adoption du numérique, qui est vraiment le signe d'un nouveau monde, d'une nouvelle société qui émerge autour de nous», a-t-il affirmé.

Le chef du gouvernement a dit croire que la stratégie numérique aura un impact positif direct sur tous les Québécois, qu'ils soient simples citoyens, fonctionnaires ou entrepreneurs.

Ces derniers seront encouragés à améliorer leur compétitivité et leur capacité d'appropriation du numérique. «Le retard des entreprises et des organisations québécoises à s'approprier et à optimiser la valeur des données, à transformer les processus et la prise de décision de même que les ventes en ligne ne se corrigera pas du jour au lendemain ni sans la prise de mesures déterminantes», peut-on lire dans la stratégie.

Un plan d'action sectoriel en économie numérique, qui accompagne la stratégie, prévoit d'ailleurs que:

- quelque 3000 petites et moyennes entreprises (PME) québécoises bénéficieront d'un accompagnement spécifique et spécialisé d'ici 2021;

- plus de 130 fournisseurs amélioreront leur compétitivité et leur capacité d'appropriation du numérique;

- près de 1700 PME obtiendront un soutien financier additionnel pour la réalisation d'un projet numérique.

Par ailleurs, en éducation, les jeunes générations pourront avoir accès plus tôt à la technologie. «Ce n'est plus de la science-fiction de penser que nos enfants vont être formés au codage, par exemple, dès les premières années de leur formation, vont être impliqués dans des activités de robotique également, dès leur enfance», a poursuivi M. Couillard.

Le premier ministre s'est également engagé à continuer le déploiement du carnet santé virtuel, qui permettra aux Québécois d'avoir accès aux informations sur leur santé à partir d'un ordinateur, d'une tablette ou d'un téléphone intelligent. Pour l'instant, seulement les patients de Laval et du centre MAclinique Lebourgneuf de Québec ont accès au portail.

Plusieurs autres initiatives restent à préciser. Des plans pour augmenter les interactions numériques avec les municipalités et bonifier l'offre culturelle en ligne doivent notamment être divulgués au cours des prochains mois.

Par ailleurs, le gouvernement annoncera, jeudi, une aide au Groupe Capitale Médias, qui regroupe les journaux régionaux Le Soleil, Le Nouvelliste, Le Droit, Le Quotidien, La Voix de l'Est et La Tribune. Ces journaux éprouvent actuellement de la difficulté à effectuer le virage numérique.