« André Fortin catapulté ministre des Transports ? Il doit être excité comme un chien dans une boîte de pick-up ! », aurait lâché son mentor, Jean Lapierre.

À son retour en politique active sur la scène fédérale en 2004, Lapierre avait choisi Fortin à titre d'attaché de presse, un bénévole du Parti libéral du Canada d'à peine 22 ans. Drôle de hasard, il était alors... ministre des Transports.

« Je sens un peu qu'on a fait ce qu'on appelle "full circle" en politique. Retourner aux Transports en tant que ministre, c'est un honneur incroyable », a affirmé André Fortin après avoir prêté serment, hier.

À la mort du commentateur politique en 2016, il confiait avoir « tout appris de Jean Lapierre ». Presque tout, pourrait-on dire : il n'a pas exactement le style coloré de Lapierre... On le décrit davantage comme un politicien calme et posé. Mais aussi sérieux et vaillant.

Il l'a prouvé dans son rôle d'adjoint parlementaire du ministre des Finances Carlos Leitão, qui l'a rapidement pris sous son aile. Un adjoint n'a évidemment pas de portefeuille ni de responsabilités majeures, c'est un travail dans l'ombre. Mais le premier ministre Philippe Couillard avait donné à André Fortin un mandat bien précis : se pencher sur les clauses de disparité de traitement en fonction de la date d'embauche, mieux connues sous le nom de « clause orphelin », dans les régimes de retraite et les assurances collectives. Ces clauses pénalisent les jeunes travailleurs. Le député de 35 ans s'est attelé à la tâche avec rigueur.

Il devait présenter son rapport final au premier ministre cette semaine, selon nos informations. Un document de 80 à 100 pages, semble-t-il. Et tout porte à croire que le député s'apprêtait à recommander de modifier la Loi sur les normes du travail afin d'interdire les clauses de disparité de traitement dans les régimes de retraite et les assurances collectives. 

Elles ne sont interdites que pour les salaires en ce moment, selon l'interprétation qu'ont faite les tribunaux de la loi actuelle. Le dossier pourrait finalement se retrouver sur le bureau de la ministre du Travail, Dominique Vien, qui prépare une réforme de la Loi sur les normes du travail.

Au coeur des inondations

André Fortin s'est également fait remarquer lors des inondations du printemps dernier, qui ont touché sa circonscription de Pontiac, en Outaouais. Il était sur le terrain du matin au soir, rapporte-t-on. Son personnel a touché la plus grosse enveloppe destinée aux cabinets de député pour les heures supplémentaires durant cette catastrophe, autour de 15 000 $.

Ce sont toutes de bonnes expériences, mais elles n'ont rien à voir avec la commande que représente la direction des Transports, le plus gros donneur d'ouvrage au Québec. André Fortin n'était apparemment pas le premier choix de Philippe Couillard à ce poste, qui est habituellement réservé à un élu aguerri.

L'objectif du nouveau ministre ? 

« Si on peut redonner un peu de temps aux familles à travers des investissements et des projets aux Transports, c'est ça qu'on va faire. »

Il est lui-même père de deux enfants. Son aînée Maëlle avait volé la vedette lors de sa prestation de serment comme député en 2014 en se frayant un chemin pour aller lui donner un câlin. Et hier, c'est Élodie qui s'est précipitée dans les bras de son père durant la cérémonie. 

Concilier travail et famille ne sera pas évident pour le jeune papa. Mais sa femme doit bien savoir de quoi il en retourne quand on est en politique : Marlene Floyd a travaillé pour Justin Trudeau dans les dernières années. Le couple s'est d'ailleurs connu au Parti libéral du Canada.

Gérer le dossier Uber

Au PLQ, André Fortin a parmi ses proches Jonathan Marleau, qui vient de quitter la présidence de l'aile jeunesse. Il était d'ailleurs le député-parrain du dernier congrès des jeunes, en août. Jonathan Marleau s'est fait connaître pour son appui à Uber et les pressions qu'il exerçait sur le gouvernement Couillard à ce sujet. André Fortin, qui aura à gérer le dossier Uber aux Transports, se serait montré à l'écoute de la position des jeunes libéraux plus que la moyenne de ses collègues. Il n'aurait toutefois pas affiché ses couleurs clairement, selon deux sources.

En Outaouais, on rappellera bien assez vite à André Fortin qu'il demandait il y a à peine huit mois l'élargissement de l'autoroute 50 dans une lettre envoyée à son collègue ministre des Transports, Laurent Lessard. Faudrait pas avoir à remettre le dentifrice dans le tube, dirait Lapierre...