La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) va revoir ses directives en vue des consultations locales sur la discrimination systémique et le racisme. Elle recommandait noir sur blanc de tenir une partie de l'exercice à huis clos, contrairement à ce que disait le premier ministre Philippe Couillard.

La CDPDJ a confié les consultations locales à 31 organismes à but non lucratif choisis à l'issue d'un appel de projets lancé par le ministère de l'Immigration. Elle leur a remis la semaine dernière un guide pour réaliser leur mandat.

«Toute activité visant à collecter des témoignages devrait se faire sans la présence des médias», écrit-elle dans ce document d'une dizaine de pages que La Presse a obtenu. L'objectif est «d'assurer la confidentialité du processus ainsi que la sécurité et l'intégrité des participantes et des participants».

Or, à l'Assemblée nationale, le 19 septembre, Philippe Couillard a nié qu'un huis clos serait imposé. «La façon correcte de faire [les consultations], c'est que les témoignages soient faits de façon publique, à moins que la personne demande autrement», a-t-il dit.

Le premier ministre répondait alors aux critiques de l'opposition, qui lui reprochait de vouloir faire «le procès des Québécois» derrière des portes closes. Dans une déclaration confuse une semaine auparavant, sa ministre de l'Immigration, Kathleen Weil, avait déclaré que les consultations seraient tantôt privées, tantôt publiques.

Pas une «version définitive»

Questionnée par La Presse hier sur la contradiction contenue dans son guide, la CDPDJ a répondu que le document «va être retravaillé». «Le mot d'ordre, c'est que l'important est de respecter la confidentialité des personnes qui vont faire la demande de témoigner en privé, mais pour le reste, tout peut être ouvert au public et aux médias. C'est ça, la consigne. Mais malheureusement, dans le guide, ce n'est pas ce qui est indiqué», a expliqué la CDPDJ. 

Elle a ajouté que le guide remis aux organismes n'est pas une «version définitive». Deux sources consultées par La Presse ont affirmé que certaines directives contenues dans ce guide avaient semé la confusion chez des organismes sélectionnés.

Dans son guide, la CDPDJ donne par ailleurs un conseil aux organismes concernant les demandes de journalistes. «Si vous êtes questionné par des représentants des médias au sujet de votre consultation locale, il faut savoir que vous pouvez leur parler, si vous le souhaitez, mais que vous n'êtes pas tenu de leur répondre», peut-on lire.

Mandatée par le gouvernement Couillard pour piloter la consultation sur le racisme, la CDPDJ doit tenir en novembre un forum public, où des spécialistes et des groupes sociaux donneront leur point de vue. Elle attend les rapports des 31 organismes d'ici le 15 décembre. Elle transmettra ses recommandations au gouvernement à l'hiver 2018. Le budget de l'exercice est passé récemment de 500 000 $ à 900 000 $.