En plus de faire une « déclaration publique » sur le respect des femmes en milieu de travail, Gerry Sklavounos doit entreprendre une « démarche personnelle » en vue d'adopter une bonne conduite envers elles s'il veut réintégrer le caucus libéral, a précisé le premier ministre Philippe Couillard mardi.

Le député se prépare à faire une déclaration publique cette semaine dans sa circonscription de Laurier-Dorion afin de répondre aux conditions de M. Couillard. Lors d'un point de presse au parlement mardi, le premier ministre a cependant rappelé que M. Sklavounos ne doit pas seulement faire amende honorable.

« Il y a nécessité de le la part de M. Sklavounos d'une expression sincère de sa compréhension des enjeux, également d'une démarche personnelle qui l'amène  dans la même direction », a dit M. Couillard.

Qu'entend le premier ministre par « démarche personnelle » ? Il ne l'a pas précisé. Lorsqu'on lui a demandé si cette démarche peut prendre la forme d'une thérapie, il n'a ni infirmé ni confirmé.

Vendredi, alors que M. Sklavounos venait d'être blanchi d'allégations d'agression sexuelle par le Directeur des poursuites criminelles et pénales, le premier ministre avait fait allusion à une telle « démarche personnelle », mais cette précision était passée sous le radar. « Outre la déclaration », disait-il, il est important que le député « indique également sa démarche personnelle » qui lui permettra de démontrer « comment il entend se gouverner lui-même à l'avenir dans ces questions ». Il rappelait que d'anciennes employées de l'Assemblée nationale ont confié à des médias que M. Sklavounos avait eu un comportement déplacé à leur égard.

De son côté, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a sommé M. Couillard d'évincer pour de bon le député de Laurier-Dorion de son caucus. Il a souligné que selon « un certain nombre de témoignages », M. Sklavounos a eu « des comportements inappropriés à répétition avec du personnel de l'Assemblée nationale ».

Contrairement à une entreprise privée, un parti politique doit exiger un comportement « exemplaire » de ses députés, qui sont les représentants de la population.

« Ce n'est pas le genre de député qu'un parti politique devrait avoir comme vitrine de ce que nous sommes. C'est un jugement politique qui devrait être porté. Ce n'est pas un droit acquis, d'être membre d'un caucus. C'est un jugement politique qui est constamment porté sur la qualité de représentation des personnes. »

M. Lisée voit mal comment la déclaration que prépare M. Sklavounos pourrait convaincre M. Couillard de réhabiliter son député.

« M. Sklavounos peut modifier son comportement par la suite, il peut avoir une grande carrière dans le privé ou dans la société civile. Mais à mon avis, ce n'est pas sa place de rester à l'Assemblée nationale, du moins certainement pas après la fin de son mandat actuel. »

Lundi, la députée de Québec solidaire, Manon Massé, a déclaré que M. Sklavounos ne peut plus siéger à l'Assemblée nationale parce qu'il a « perdu la confiance des femmes ». Elle dit toujours croire la plaignante, Alice Paquet. Pour la ministre de la Condition féminine, Lise Thériault, elle est allée trop loin. « Remettre en cause nos institutions, donc la justice, je trouve ça particulier de la part d'un député qui siège à l'Assemblée nationale.  (...) Le DPCP a clairement dit qu'il n'y a aucun acte criminel qui a été commis », a-t-elle réagi.

« Je ne dis pas que M. Sklavounos a toujours sa place à l'Assemblée nationale, je dis que le cas n'est pas encore tout à fait réglé, que le premier ministre a eu l'occasion de s'entretenir là-dessus et la suite des discussions ne m'appartient pas. »