Même si Philippe Couillard martèle depuis un an que «l'avenir du Québec n'est pas dans les hydrocarbures», son gouvernement continue de soutenir des projets pétroliers et gaziers. Y compris ceux de Pétrolia, l'entreprise avec qui il est engagé dans un bras de fer depuis des mois.

Un document obtenu par le Parti québécois révèle que par l'entremise de son fonds Capital Mines Hydrocarbures, Investissement Québec a investi 5 millions depuis mai 2015 dans la société Junex, qui pilote le projet pétrolier Galt. Ce fonds a également servi à injecter plus de 12 millions depuis septembre 2015 pour soutenir le projet Bourque de Pétrolia, une entreprise en conflit ouvert avec Québec.

Le dernier versement dans le projet Bourque a été autorisé le 15 juin. C'était un mois avant que Pétrolia s'adresse aux tribunaux pour forcer Ressources Québec - une filiale d'Investissement Québec - à investir les sommes qu'elle avait engagées dans le consortium Hydrocarbures Anticosti.

Hormis la prise de participation dans le projet Anticosti, Investissement Québec a misé plus de 32 millions dans divers projets d'hydrocarbures.

Le PQ, qui a obtenu ces données grâce à la Loi sur l'accès à l'information, y voit une preuve de «l'incohérence» du gouvernement Couillard sur la question pétrolière.

«Il n'y a aucune cohérence dans ce dossier-là, a dénoncé le député péquiste Alain Therrien. D'un côté, ils dépensent, et de l'autre, ils veulent empêcher les projets que ces entreprises veulent mener sur le terrain.»

Le député rappelle que le premier ministre a clairement pris ses distances de la filière des hydrocarbures dans la foulée de la conférence de Paris sur les changements climatiques, l'an dernier.

«L'avenir du Québec ne repose pas sur les hydrocarbures. Arrêtons de rêver de ça, cela n'arrivera pas. Il n'y a pas la quantité pour entamer même minimalement nos besoins.» - Philippe Couillard en entrevue éditoriale à La Presse, en avril 2016

Selon M. Therrien, le gouvernement libéral nuit aux placements d'Investissement Québec en entretenant un conflit avec une entreprise dans laquelle des fonds publics ont été investis.

«Le projet Bourque, on s'aperçoit qu'il est en difficulté parce que M. Couillard cause des problèmes à l'entreprise qui est impliquée directement, soit Pétrolia, dit M. Therrien. Puisqu'il a une position sur Anticosti qui nuit à Pétrolia, Pétrolia voit la valeur de ses actions baisser, et la capacité de financement du projet Bourque est remise en question.»

Fracturation hydraulique

Investissement Québec confirme que tous les placements dans Junex et Pétrolia ont été approuvés par les ministres des Ressources naturelles, des Finances et de l'Économie.

Sa porte-parole, Chantal Corbeil, a souligné une différence importante entre les projets Bourque et Galt, et celui d'Anticosti. Les gisements situés en Gaspésie sont conventionnels et ne nécessitent pas de fracturation hydraulique, une technique à laquelle s'oppose le premier ministre Couillard.

«Le premier ministre, à notre connaissance, n'a jamais rien dit contre le forage traditionnel, a expliqué Mme Corbeil. C'est plutôt au niveau de la fracturation qu'il semble réfractaire. Au niveau des forages traditionnels, on n'a jamais eu aucune indication que le gouvernement est contre cela.»