Le ministre de la Sécurité publique du Québec invite les policiers arborant le pantalon de camouflage à imiter les constables spéciaux, qui ont suspendu leurs moyens de pression afin de favoriser une reprise des négociations.

«On souhaite que les corps policiers, notamment à Montréal, remettent l'uniforme réglementaire dans les plus brefs délais. Ça va permettre de dialoguer dans un autre contexte», a déclaré le ministre à l'issue d'une rencontre ce matin avec le président du Syndicat des constables spéciaux.

Cet échange entre les deux hommes s'inscrit dans la foulée de la décision du syndicat de suspendre en début de semaine ses moyens de visibilité. Depuis lundi, les 335 constables spéciaux du Québec, sans contrat de travail depuis mars 2015, ont recommencé à porter leur uniforme régulier.

Le ministre Coiteux a qualifié cette suspension de «geste responsable qui montre qu'on est capables de dialoguer lorsque chacun fait preuve de bonne volonté».

«Les citoyens veulent être en sécurité, que les corps de police agissent de façon responsable. J'ai encore bon espoir qu'on y arrive rapidement», a dit M. Coiteux.

Martin Coiteux n'écarte pas l'idée d'imposer le port de l'uniforme régulier si les policiers refusent de bouger. «J'ai dit que je laissais place au dialogue et à la bonne volonté. Aujourd'hui, j'ai la preuve que cette approche fonctionne, mais il y a toujours un délai. On ne peut pas attendre à l'infini», a-t-il prévenu.

La Fraternité des policiers de Montréal, dont les membres rivalisent d'originalité dans leurs choix vestimentaires depuis le déclenchement de leurs moyens de pression, n'a pas souhaité commenter la sortie du ministre Coiteux.

Le port du pantalon de camouflage soulève des «enjeux de sécurité», martèle le ministre. «La confusion peut être très grave. On ne peut pas se permettre une telle confusion à savoir 'est-ce que j'ai affaire à un policier ou quelqu'un d'autre ?'» Le Journal de Montréal a d'ailleurs rapporté qu'un juge a récemment acquitté un Lavallois d'une contravention de près de 1300$ parce que celui-ci disait ne pas avoir reconnu une policière en raison du pantalon de camouflage rose qu'elle arborait.

Syndicat satisfait

Le Syndicat des constables spéciaux a admis que la suspension de ces moyens de pression risquait de froisser certains collègues policiers. «Nous avons pris notre décision en sachant très bien que d'autres corps ne seraient pas contents, mais on l'a fait pour donner une chance au dialogue, à la discussion», a indiqué le président, Franck Perales. Celui-ci a toutefois indiqué ne pas écarter la possibilité de remettre les pantalons de camouflage cet automne si les négociations ne progressent pas suffisamment.

Le Syndicat s'est par ailleurs dit très satisfait de la rencontre avec le ministre. «On a senti une écoute attentive. Je dois même dire à quel point il était ouvert et à l'écoute de nos revendications», a dit Franck Perales.

Si la sécurité du Palais de justice de Montréal a été considérablement augmentée, au point de rappeler celle des aéroports, elle demeure insuffisante en régions, dit le syndicat. Selon lui, il manque de 40 à 50 constables spéciaux pour assurer la sécurité de ces établissements.

Le drame survenu lundi au Michigan où un prévenu a tué deux gardes après s'être emparé de l'arme de l'un d'eux. «On veut éviter qu'un malheur ne survienne», a dit M. Perales.

Les discussions achoppent aussi sur la question salariale. Ceux-ci gagnent 55 000$ par an alors que leur syndicat demande un reclassement, afin de porter leur rémunération à 61 000$ par an.