Tout en reconnaissant ne pas avoir «toujours su trouver les meilleurs moyens de travailler avec le gouvernement du Québec», Uber Canada tentera d'éviter son départ de la province en obtenant un compromis de dernière minute lors des consultation particulières sur le projet de loi 100.

La multinationale affirme que ce projet de loi, présenté la semaine dernière par le ministre des Transports Jacques Daoust, «empêcherait les services de l'économie du partage comme Uber d'opérer sur le territoire du Québec.

Le projet de loi exige notamment que tous les chauffeurs UberX détiennent un permis de conduire de type 4C, identique à celui que doivent posséder les chauffeurs de taxi, et les obligeraient à louer une licence de taxi pour être en règle. Uber soutient qu'un tel cadre réglementaire est incompatible avec son modèle d'affaires, qui permet à ses chauffeurs UberX de travailler seulement quelques heures par semaine.

«Nous regrettons de voir où le débat au sujet de la réglementation nous a menés et assumons notre part de responsabilité pour en être arrivés là», écrit la direction d'Uber Canada dans un communiqué qui vient d'être diffusé.

En mars dernier, le directeur général d'Uber Québec, Jean-Nicolas Guillemette, s'était fait reprocher par le ministre Daoust de se réjouir d'avoir «abusé du système 450 000 fois» en exploitant son service illégalement. Le refus de l'entreprise de suspendre ses travaux lors ce cette commission parlementaire a dérangé le gouvernent.

«En agissant en bon citoyen corporatif, nous voulons contribuer à la prospérité économique et au bien-être des citoyens de notre province», lit-on.

L'entreprise affirme qu'elle souhaite participer aux consultations particulières sur le projet de loi 100 dans le but de trouver des compromis «qui assureront une saine compétition et une conformité fiscale pour tous les joueurs de l'industrie».  

«Si le projet de loi est appliqué intégralement, nous allons être obligés de cesser nos opérations au Québec», a déclaré Jean-Nicolas Guillemette, lundi.

 «Nous comprenons que l'équité fiscale est un élément important. Nous allons nous conformer aux exigences du gouvernement en ce qui a trait au paiement de la TPS et de la TVQ.» Jean-Nicolas Guillemette reconnaît toutefois que ce soudain changement d'attitude d'Uber au sujet des taxes survient un peu tard. «Ca fait peut-être partie des erreurs que nous avons faites. Ce que nous voulons maintenant, c'est de nous assurer que les gens aient confiance en nous. On veut partir sur de nouvelles bases.»

M. Guillemette croit aussi que ses propres traits de personnalité expliquent une partie de l'échec d'Uber à convaincre le gouvernement de légiférer en sa faveur. «Je m'exprime avec passion. Il semble que plusieurs personnes perçoivent ça comme de l'arrogance. Je vais m'assurer que ce ne soit plus le cas.»

Le patron d'Uber refuse pour le moment de se prononcer sur les conditions qui sont nécessaires pour que le service puisse continuer au Québec. «On veut mettre l'accent sur les solutions pour le moment», a-t-il insisté.

Rappelons que le ministre des Transports Jacques Daoust a limité les espoirs des jeunes du Parti libéral du Québec en prévenant d'entrée de jeu qu'il n'était pas question pour lui «de retourner à la table à dessin» et d'apporter des changements fondamentaux au projet de loi qui doit être déposé avant l'ajournement de juin à l'Assemblée nationale.

 La porte-parole du ministre des Transports Jacques Daoust, Mélissa Turgeon, a affirmé que le ministre «a bien hâte de prendre connaissance des propositions que l'entreprise compte faire».« Nous sommes heureux de voir dans quel esprit [Uber] souhaite entreprendre ce processus. », a-t-elle ajouté.