Le front commun des villes contre la tenue d'élections scolaires et municipales simultanées éclate. La Fédération québécoise des municipalités (FQM) se dit maintenant en faveur de cette mesure, sous certaines conditions.

En entrevue éditoriale avec La Presse le week-end dernier, Philippe Couillard a ouvert toute grande la porte au maintien des élections scolaires. Le premier ministre glissait même qu'il « aimerait bien » que ces élections se tiennent en même temps que les élections municipales. « Mais il y a beaucoup de municipalités qui ne sont pas très enthousiastes devant l'idée », a-t-il dit, laissant entendre que le gouvernement allait chercher à convaincre les villes.

Or, la chose est déjà entendue à la FQM. « Il y a une ouverture de notre part », a affirmé son président, Richard Lehoux, hier. Il l'a fait savoir en commission parlementaire le mois dernier, mais ses propos étaient passés quasi inaperçus dans la mesure où le projet de loi 86 prévoit l'abolition pure et simple des élections scolaires. Aucune remise en question de cette mesure n'était sur l'écran radar à Québec avant la sortie du premier ministre. « On a toutefois des conditions qui, pour nous, sont essentielles si on veut avoir des élections simultanées », a indiqué M. Lehoux.

Les quatre conditions de la FQM

• Des garanties quant au partage des coûts rattachés à des élections simultanées

• L'harmonisation des territoires électoraux entre les MRC et les commissions scolaires

• Le partage des coûts pour la confection et la mise à jour des rôles d'évaluation qui sont pour l'instant assumés uniquement par les municipalités

• L'intégration du compte de taxes scolaires au compte de taxes municipales, comme ce qui se fait ailleurs au Canada

La FQM avait adopté en 2008 une position contre la simultanéité des élections scolaires et municipales. Mais « il y a eu des réflexions » au cours de la dernière année sur cet enjeu. « On ne peut pas dire d'un côté qu'on est pour le maintien de la démocratie scolaire et être de l'autre contre la simultanéité des élections », a résumé M. Lehoux. Selon lui, « la démocratie scolaire va jouer tout son rôle lorsqu'il y aura décentralisation des pouvoirs vers les écoles ». C'est justement l'intention du gouvernement.

De son côté, l'Union des municipalités du Québec maintient son opposition aux scrutins simultanés. Elle a décliné une demande d'entrevue hier.

De son côté, lors d'une conférence de presse à Montréal, le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, a confirmé que l'abolition des élections scolaires est remise en question. Un « attachement envers la démocratie » scolaire s'est exprimé lors des consultations en commission parlementaire qui ont pris fin la semaine dernière, a-t-il expliqué.

La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) se réjouit de l'ouverture manifestée par le gouvernement. « Je ne veux pas crier victoire, mais c'est un signal positif », a affirmé sa présidente, Josée Bouchard. En commission parlementaire la semaine dernière, la FCSQ a présenté les résolutions de plus de 120 municipalités et MRC favorables à des élections scolaires et municipales simultanées.