Philippe Couillard veut chasser l'impression que son gouvernement est sous la coupe des médecins. « Moi, je ne me sens aucune obligation par rapport à la profession médicale », a insisté l'ex-chirurgien. Il n'y aura pas de cadeau aux fédérations médicales lors des négociations, imminentes, sur la rémunération.

Ces négociations « vont être très rigoureuses », a prévenu le premier ministre. « Je veux que les nouveaux dollars qui vont être affectés aux enveloppes médicales soient affectés en échange de garanties », comme une productivité accrue. « Je pense qu'on est rendus là », a-t-il ajouté.

Le rattrapage par rapport aux médecins des autres provinces a été « accompli » selon lui. « On a respecté notre signature. On a fait ce qui devait être fait. »

De 2010 à 2020, la masse de la rémunération des médecins aura ainsi augmenté de 87,5 %. Elle s'élève actuellement à sept milliards par année. Le paiement clinique brut moyen par médecin a bondi de 6,2 % par an depuis 2010. « On en a fait beaucoup », a résumé Philippe Couillard.

Québec doit signer avec les fédérations médicales de nouvelles ententes de rémunération, échues depuis l'an dernier. Les médecins ont déjà la garantie d'avoir une hausse équivalant aux augmentations salariales accordées aux employés de l'État (5,25 % d'ici trois ans). Le gouvernement a déjà fait savoir qu'il n'avait pas l'intention d'ouvrir davantage ses goussets.

Les médecins, « ce n'est pas notre seule priorité, loin de là », a lancé M. Couillard, piqué par les remarques sur le sujet. « Je ne pratique plus la médecine depuis des années, donc je ne me sens pas directement impliqué dans cette situation-là. »

Il a rappelé que son gouvernement a imposé aux médecins de famille de prendre en charge davantage de patients, à défaut de quoi leur rémunération serait amputée à partir du 1er janvier 2018.

DES PROMESSES RESSUSCITÉES

Des promesses électorales laissées en plan jusqu'ici vont être mises en chantier, a signalé Philippe Couillard. Le PLQ s'était engagé à créer 50 « super-cliniques » au Québec, des « carrefours de la santé qui seront ouverts sept jours sur sept ». « Le ministre travaille sur des sites précis et le début du déploiement de ces cliniques », a indiqué le premier ministre.

M. Couillard avait également promis que trois types d'examens réalisés dans des cliniques privées seraient couverts par le régime public et deviendraient donc gratuits pour les patients : la résonance magnétique, la tomodensitométrie (scan) et l'échographie. Ce sera réalisé, a-t-il dit hier.

Mais comment ? « Si on voit que des marges de manoeuvre se reproduisent au cours de l'année, on les mettra en santé pour remplir ces engagements-là », a-t-il répondu. Il reproduirait ainsi ce qu'il avait fait l'automne dernier : des « marges de manoeuvre » avaient servi à réinvestir en éducation.

Autre priorité pour Philippe Couillard : investir dans les soins à domicile. Pour le moment, le gouvernement est loin de respecter son engagement d'y consacrer 150 millions de dollars de plus par année.