L'opposition a réclamé la tête du ministre Sam Hamad, jeudi soir, après la diffusion d'un reportage révélant qu'il aurait agi comme informateur pour son « ami » Marc-Yvan Côté, en plus d'aider son entreprise à obtenir des subventions.

La Coalition avenir Québec et le Parti québécois ont tour à tour sommé Philippe Couillard de suspendre le président du Conseil du Trésor, le temps que le commissaire à l'éthique et l'UPAC enquêtent sur ses agissements allégués.

« Pour préserver l'intégrité et l'image d'intégrité de ce gouvernement, on pense que le premier ministre doit retirer M. Hamad du conseil des ministres, a affirmé le député caquiste Éric Caire. C'est le minimum. »

« Jusqu'à la fin de ces enquêtes, Sam Hamad doit être exclu du conseil des ministres et du caucus du Parti libéral », a indiqué le député péquiste Bernard Drainville.

Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, a pour sa part exigé la démission du président du Conseil du trésor.

« Comment le premier ministre Couillard peut prétendre que le Parti libéral a tourné la page sur l'époque de la corruption alors que Sam Hamad siège à ses côtés? », a-t-il demandé.

Des courriels dévoilés par Radio-Canada semblent indiquer que M. Hamad a fourni des informations privilégiées à M. Côté alors que celui-ci était un haut dirigeant de Premier Tech. Le ministre aurait également multiplié les démarches auprès de ses collègues du cabinet pour aider cette entreprise de produits d'horticulture à obtenir une subvention.

« Je rappelle que Sam a offert son aide pour convaincre le Trésor. Sam siège au Trésor, ce qui n'est pas le cas de tous les ministres. J'attends d'ici la fin de la journée le retour de Sam qui parlera à [Jacques] Daoust (président d'Investissement Québec) », écrit Marc-Yvan Côté, vice-président du conseil d'administration de Premier Tech à Yves Goudreau et Jean Bélanger, président et chef de l'exploitation de Premier Tech.

Le lendemain du courriel, Marc-Yvan Côté indique à Jean Bélanger que son « ami » a parlé avec Jacques Daoust et avec le ministre du Développement économique, Clément Gignac. « P.S. : Je l'envoie qu'à toi afin de protéger notre ami », écrit Marc-Yvan Côté, dans un courriel obtenu par Radio-Canada.

Financement

Les messages dévoilent aussi que M. Côté, un ancien ministre libéral, aurait incité les dirigeants de Premier Tech à participer au financement politique de M. Hamad. En 2008, dans un courriel adressé au vice-président du développement corporatif de l'entreprise, Yves Goudreau, il évoque la nécessité de faire une « contribution significative » à une soirée de financement du ministre.

Aucun des courriels cités dans le reportage n'est écrit par Sam Hamad.

Selon Radio-Canada, des dirigeants et administrateurs de Premier Tech et les membres de leurs familles ont versé plus de 20 000 $ au Parti libéral du Québec de 2008 à 2012. 

Le projet d'acquisition de Premier Tech est finalement tombé à l'eau en 2010, rendant inutile la demande de participation d'Investissement Québec (IQ). Toutefois, après avoir effectué une nouvelle demande, l'entreprise a obtenu en mai 2012 une subvention de 8 millions du ministère du Développement économique, dirigé par Sam Hamad, et un prêt de 11 millions d'IQ.

Quelques semaines plus tôt, le chef de cabinet adjoint de Sam Hamad avait annoncé la bonne nouvelle à Yves Goudreau de Premier Tech. « On a travaillé fort, vous aurez des nouvelles bientôt via le canal régulier » », écrit-il, ajoutant dans un courriel suivant : « On partait de loin mais on a travaillé fort pour ne pas avoir le statu quo ».

Marc-Yvan Côté a été arrêté lors d'une opération de l'UPAC il y a deux semaines. Il est accusé de fraude et de corruption pour son rôle dans le financement illégal des partis politiques par la firme Roche. Il a été président cette firme de génie-conseil de 1994 à 2005. Il avait dirigé le ministère des Transports puis celui de la Santé dans le gouvernement libéral de Robert Bourassa, de 1985 à 1994.

M. Hamad connaissait bien M. Côté avant d'accéder au conseil des ministres. Il était vice-président principal de Roche entre 1998 et 2003.

Le bureau du premier ministre Philippe Couillard n'avait pas commenté les révélations du reportage d'Enquête au moment d'écrire ces lignes. M. Hamad réagira en fin de soirée, a indiqué son attachée de presse, Cynthia St-Hilaire.