Le député péquiste de Gaspé, Gaétan Lelièvre, a exprimé son étonnement, vendredi, devant l'arrestation de son ancien conseiller.

M. Lelièvre a soutenu que plusieurs allégations formulées contre François Roussy, maire de Gaspé de 2005 à 2013, étaient fausses et qu'un « contexte » particulier pouvait fournir des explications sur lesquelles il a refusé d'élaborer.

Selon M. Lelièvre, durant un contre-interrogatoire devant la Commission Charbonneau, un témoin comparaissant voilé et sous un faux nom a admis que plusieurs de ses affirmations au sujet de François Roussy étaient imprécises ou fausses.

M. Roussy a été embauché le 12 mai 2014 comme conseiller politique par M. Lelièvre, qui ignorait alors tout des allégations contre lui.

L'Unité permanente anticorruption (UPAC) avait déjà perquisitionné l'hôtel de ville de Gaspé le 29 janvier et le 7 mai 2014. Des allégations touchant M. Roussy ont été rendues publiques le 16 mai, quand le mandat de perquisition du 29 janvier a été diffusé dans les médias.

Lors d'un point de presse à l'Assemblée nationale, M. Lelièvre, ancien directeur général de la municipalité de Gaspé, a exprimé son étonnement de voir son ancien conseiller se faire arrêter.

« Un certain étonnement mais si la justice a décidé d'aller de l'avant dans cette procédure, je présume qu'il y a un dossier et des motifs, a-t-il dit. On va laisser le système, la justice faire son travail. Je ne m'attendais pas à ça, je n'avais pas d'élément d'information qui m'amenait à penser que M. Roussy avait posé des gestes de cette nature-là. »

M. Roussy fait partie des sept personnes arrêtées jeudi, dont les ex-ministres libéraux Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté, qui sont notamment soupçonnées de complot et d'abus de confiance.

M. Lelièvre a déclaré qu'il avait discuté des allégations avec M. Roussy, quand elles ont été rendues publiques, alors qu'il travaillait pour lui, sans trouver de motifs pour son congédiement.

« Comme employeur, comme député et comme ministre délégué aux Régions à l'époque, je n'avais aucun élément tangible, sinon que des allégations d'un témoin qui a témoigné de façon voilée, avec sa voix tronquée et sous un faux nom. J'ai été en mesure de constater que plusieurs allégations de ce témoin étaient fausses », a-t-il dit.

M. Lelièvre a déclaré qu'il n'avait à ce moment « aucun motif raisonnable pour congédier ou mettre fin au contrat de M. Roussy ».

Le conseiller a quitté ses fonctions le 5 janvier, après avoir annoncé volontairement son départ en novembre 2014, a indiqué vendredi l'aile parlementaire péquiste.

Selon le mandat de perquisition de janvier 2014, alors qu'il était maire, M. Roussy aurait exigé une ristourne de 5% sur les contrats octroyés à la firme de génie-conseil Roche en plus d'avoir voyagé en France aux frais d'autres cabinets de génie-conseil.

Vendredi, M. Lelièvre a laissé planer un doute sur les motifs qui auraient pu mener M. Roussy à accepter ainsi cet avantage.

« Je ne rentrerai pas dans les détails, mais il y a tout un contexte, notamment en regard de ce déplacement », a-t-il en refusant d'élaborer.

M. Lelièvre, qui a été directeur général de Gaspé de 2001 à 2010, a reconnu que certains cabinets de génie-conseil avaient réussi à s'imposer dans la région.

« Les régions ont vécu pendant longtemps des situations où elles étaient dans le monopole de certaines firmes d'ingénieurs », a-t-il dit.

Mais la situation a évolué, notamment durant l'époque où il était en fonction à Gaspé, où le nombre d'entreprises de génie présentes est passé à environ sept.

« Il y a des actions concrètes, précises qui ont été prises notamment par la Ville de Gaspé pour tenter de sortir de cette situation de quasi-monopole et dans certains cas de monopole de la part de firmes d'ingénieurs », a-t-il dit.