Les travaux ont été suspendus pendant une demi-heure à l'Assemblée nationale, jeudi, lorsque les députés du Parti libéral ont enfreint un règlement qui interdit les applaudissements au Salon bleu.

Le Parti québécois presse le gouvernement Couillard d'expulser de son caucus le député Germain Chevarie. Le représentant des Îles-de-la-Madeleine fait l'objet d'une enquête de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) en lien avec une affaire de financement politique.

Or, la question du leader parlementaire péquiste, Bernard Drainville, a fait sortir de ses gonds son vis-à-vis libéral, Jean-Marc Fournier. Après avoir souligné que le Directeur général des élections a blanchi M. Chevarie, le leader libéral a ajouté que le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a lui aussi reçu des blâmes du commissaire à l'éthique en raison de ses avoirs. 

À ces paroles, les députés libéraux se sont levés en bloc pour applaudir leur leader. Mais cet élan d'enthousiasme contrevient au règlement de l'Assemblée nationale, qui a été modifié l'an dernier pour interdire les applaudissements.

Furieux, le président de l'Assemblée, Jacques Chagnon, a ordonné la suspension de la séance. Il est revenu dans la salle une demi-heure plus tard, en compagnie des leaders parlementaires de tous les partis.

M. Fournier a alors pris la parole pour reconnaître que les applaudissements ont enfreint le règlement de l'Assemblée nationale, mais il n'a pas explicitement exprimé ses regrets.

« J'aurais préféré que les applaudissements spontanés et émotifs qu'on a vus n'arrivent pas, a convenu M. Fournier au terme de la séance. Mais ils ont été entraînés par un genre de questionnement qui vise, dans le fond, à attaquer un de nos collègues. » 

Selon lui, le PQ a mené rien de moins qu'une « charge à fond de train » contre le député Chevarie.

Du côté péquiste, on accuse les libéraux d'avoir cherché à faire « diversion » dans le but de museler les questions sur le député Chevarie. Bernard Drainville s'est montré outré que les libéraux enfreignent un règlement qu'ils avaient eux-mêmes appuyé l'an dernier.

« Ça envoie un message de délinquance et ça envoie un message de non-respect de la démocratie et le non-respect des règles, a dénoncé M. Drainville. On a l'impression d'avoir un gouvernement devant nous, un Parti libéral qui pense que tout lui appartient et qu'il est même prêt à se comporter comme un hors-la-loi.

Le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec, François Bonnardel, s'est désolé du spectacle offert à l'Assemblée nationale jeudi matin.

« Ce n'était pas un beau moment de notre législature, a-t-il observé. Il y a un règlement qui a été adopté par nous tous, les députés de l'an. (Aux) gens qui nous ont vu et qui risquent de nous voir ce soir aux nouvelles, je m'excuse. »