En nommant Martin Coiteux ministre des Affaires municipales, alors que deux fronts sont ouverts avec les syndicats municipaux, le gouvernement Couillard a voulu lancer le message qu'il n'était «pas parlable» à ce chapitre, estime le député péquiste Jean-François Lisée.

Deux dossiers litigieux planent actuellement sur le monde municipal: la loi qui a imposé le partage moitié-moitié du coût des régimes de retraite municipaux et le pacte fiscal, dans le cadre duquel l'ancien ministre des Affaires municipales Pierre Moreau s'était engagé à donner aux municipalités le droit de décréter les conditions de travail de leurs employés, en cas de négociation infructueuse avec ceux-ci.

Les syndicats du monde municipal, très militants, n'ont pas décoléré depuis un an.

La Presse Canadienne a d'ailleurs révélé qu'au bout d'un an de négociations, ce 1er février, une poignée de municipalités seulement avaient réussi à s'entendre avec leurs syndicats respectifs sur les modalités du partage moitié-moitié du coût des régimes de retraite.

Et plusieurs syndicats du milieu municipal contestent aussi devant le tribunal la constitutionnalité de la loi qui a imposé le partage moitié-moitié du coût des régimes de retraite municipaux.

La nomination, dans ce contexte tendu, de l'ancien président du Conseil du trésor Martin Coiteux aux Affaires municipales apparaît aux yeux du député Lisée comme un message de la part du gouvernement Couillard voulant qu'il ne soit pas prêt à faire preuve de souplesse sur ces questions.

«C'est probablement une façon pour M. Couillard de montrer qu'il n'est pas parlable là-dessus. Mais ça, c'est son problème; on va le laisser le gérer», a commenté le député de Rosemont et président du caucus des députés montréalais du Parti québécois, lorsqu'interrogé à ce sujet, lundi à Montréal.

M. Lisée a fait remarquer que plusieurs dossiers de relations de travail dans le milieu municipal faisaient l'objet de litige.

«Pour ce qui est des syndicats municipaux, nous on était très critiques de la façon dont le projet de loi a été écrit, notamment sur les questions de retraite. On avait une position qui était beaucoup plus rassembleuse que celle des libéraux. Et on voit que sur la question des policiers, par exemple, ce n'est pas réglé. La question des pompiers, ce n'est pas réglé, ça traîne. Et il semble que dans ces dossiers-là, ils ont décidé qu'ils allaient laisser traîner pour toujours!», s'est exclamé le député péquiste.

Fait à noter, le ministre Coiteux, comme président du Conseil du trésor, a tout de même réussi à négocier une entente de principe avec les syndicats membres du front commun, qui représentent 400 000 des 500 000 employés de l'État.

«L'Est de Montréal "déshérité" par le gouvernement libéral»

L'opposition péquiste reproche au gouvernement libéral d'avoir négligé, voire «déshérité», l'Est de Montréal depuis son élection, alors que plusieurs dossiers traînent, comme le prolongement de la ligne bleue du métro et l'avenir du toit du Stade olympique.

Quatre députés péquistes et un député du Bloc québécois ont rencontré la presse, lundi à Montréal, pour dénoncer l'inaction du gouvernement libéral dans ces dossiers et dans d'autres, comme la rénovation attendue de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, la salubrité des écoles dans l'Est de Montréal et la salubrité des logements.

Le député de Rosemont et président du caucus des députés péquistes de Montréal, Jean-François Lisée, y voit un désintérêt marqué envers l'Est de Montréal de la part du gouvernement libéral.

«Il y a des dossiers dont on voit qu'ils avancent ailleurs - et on les félicite d'avancer ailleurs, lorsque c'est le cas. Mais on sent un désintérêt presque structurel du gouvernement Couillard envers l'Est de Montréal. Et il faut que ça cesse», s'est exclamé M. Lisée.

Il était accompagné de ses collègues Nicole Léger, députée de Pointe-aux-Trembles, Carole Poirier, députée d'Hochelaga, et Maka Kotto, député de Bourget. Le député du Bloc québécois de La-Pointe-de-l'Île et ancien chef du parti, Mario Beaulieu, était également présent.

Le député Lisée ne va toutefois pas jusqu'à affirmer que le manque d'intérêt qu'il dit constater de la part du gouvernement libéral serait dû au fait que des députés péquistes ont été élus dans cette région de Montréal.

«Les libéraux sont aussi présents. De toute façon, ce n'est pas une raison pour déshériter la moitié de la métropole. La représentation du Parti québécois, elle est forte, et il y a des députés de Québec solidaire aussi. Mais il y a des députés libéraux qui doivent faire leur travail et, pour l'instant, ils n'ont pas livré la marchandise», a tonné M. Lisée.

À ses côtés, la députée Carole Poirier a renchéri: «nos écoles, nos logements et aussi la décontamination des sols ont besoin de réinvestissements importants».

La députée Nicole Léger en a remis en évoquant d'autres dossiers: «le prolongement de la ligne bleue (du métro) vers Anjou et l'Est de Montréal semble paralysé actuellement. On n'a plus de nouvelles du gouvernement libéral. Est-ce qu'on en a déjà eu? 2016 doit être l'année où le prolongement sera confirmé, les sommes dévolues et que le projet soit inclus dans le plan québécois des infrastructures du prochain budget qui s'en vient», a-t-elle plaidé.

Trois ministres du gouvernement Couillard représentent l'Est de Montréal, soit David Heurtel (Viau), Lise Thériault (Anjou-Louis-Riel) et Rita De Santis (Bourassa-Sauvé). De plus, le nouveau ministre des Affaires municipales et de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a été nommé responsable de la région de Montréal.