Trois rapports indépendants obtenus par l'opposition péquiste concluent que les difficultés financières encourues par des centres de désintoxication sont bel et bien dues aux réductions des prestations d'aide sociale.

C'est le député péquiste Jean-François Lisée, porte-parole pour les dossiers de services sociaux et de santé publique, qui les a rendus publics, vendredi au cours d'une rencontre avec la presse à Montréal.

Il affirme que 14 rapports indépendants ont été produits « à la demande du ministère et des centres et ont été remis aux centres et au ministère ». Il a obtenu trois d'entre eux.

Dans le cadre d'une réforme du régime d'aide sociale, le printemps dernier, le ministère de la Solidarité sociale a réduit à 200 $ par mois les prestations d'aide sociale de ceux qui vont suivre une cure de désintoxication dans un centre.

Le rapport de Gestion-conseil Optim'Hum sur le Centre Caroline Roy, par exemple, explique la situation qui y est vécue: « lors de la mise en application de la nouvelle réglementation, la clientèle prestataire de l'AFDR (Aide financière de dernier recours) a quitté massivement les centres soit pour avoir accès à leur pleine prestation ou par manque de revenu pour défrayer les frais de thérapie. Dans certains centres, dont le Centre Caroline Roy, la clientèle a diminué de plus de 50 %, créant une forte pression financière sur l'organisation », écrit-on dans le rapport.

Le rapport sur le Centre Mélaric, dont l'annonce de la fermeture a défrayé les manchettes au cours des derniers jours, précise aussi que « le manque à gagner de Mélaric pour 2015, causé par les coupures du 1er mai 2015 dans le chèque d'aide sociale des bénéficiaires, se chiffre à 262 500 $, et ce, pour huit mois ».

La firme Évolia stratégies qui a rédigé le rapport ajoute: « les réductions de revenus de 262 500 $ en 2015 découlant des décisions gouvernementales du 1er mai 2015 hypothèquent grandement la situation financière de Mélaric ».

M. Lisée affirme donc que le gouvernement libéral était au courant depuis le mois de novembre que des centres éprouvaient de telles difficultés financières et qu'il savait aussi que ces difficultés étaient engendrées par sa réduction des prestations d'aide sociale.

« Il [le gouvernement] a commandé des rapports sur un certain nombre de centres pour lui dire quel est le problème et ces rapports lui ont dit: le problème, c'est la réforme libérale, qui met en cause la survie des centres », a résumé le député péquiste de Rosemont.

« Ils ont choisi de mettre en péril la survie de plusieurs centres, donc on a les résultats de l'effet libéral: la fermeture de trois centres et la fermeture programmée de plusieurs centres qui va arriver probablement dans les jours ou les semaines qui viennent », a-t-il ajouté.

Jointe au téléphone, l'attachée de presse de la ministre Lucie Charlebois, Alexandra Bernier, a d'abord refusé de commenter ces rapports, affirmant qu'ils n'émanaient pas de son ministère.

Elle a ensuite fait savoir que la ministre déléguée à la Réadaptation et à la Santé publique ne répliquerait pas aux propos du député Lisée, même s'il la montrait du doigt pour avoir affirmé que certains centres étaient mal gérés. « On ne fera pas de la politique avec les personnes vulnérables », a répondu Mme Bernier.

Quand on lui a souligné que le gouvernement pouvait tout simplement souhaiter que ces centres s'imposent des compressions budgétaires, comme lui en a imposé dans plusieurs programmes, M. Lisée a répliqué: « Dans ce cas-là, qu'ils arrêtent de dire que c'est la faute des centres et qu'ils disent ''nous, le gouvernement libéral, on considère que ce n'est pas important de donner des services aux toxicomanes''. »