En présentant les détails de l'entente de principe intervenue entre le gouvernement et quelque 400 000 travailleurs du secteur public, les syndicats du Front commun ont insisté pour faire passer un message: leur mobilisation a eu raison du gouvernement, selon eux.

Les syndicats ont confirmé dimanche que cette entente comprenait des hausses salariales de 10,25% sur 5 ans et repoussait l'âge de la retraite à 61 ans, à partir de 2019.

«Ce n'est pas rien, a affirmé Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Nous avons bien sûr fait des compromis, mais nous avons surtout forcé le gouvernement à sortir de son cadre financier initial.»

Il faut dire qu'au départ, il y a environ un an, le gouvernement offrait 3% d'augmentation sur 5 ans, une proposition jugée «inacceptable» par les syndicats, qui demandaient des hausses de 13,5% sur 3 ans. Encore à la mi-novembre, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, affirmait que les deux parties étaient «à des années-lumière» d'une entente.

Le Front commun considère que les augmentations de 10,25% devraient ainsi permettre «un certain rattrapage salarial».

Daniel Boyer, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), a reconnu que l'entente, à défaut d'être parfaite, était à tout le moins «bonne» et attribue cette victoire à la mobilisation (manifestations et grèves tournantes) des travailleurs au cours des derniers mois.

«En même temps, on n'est pas dupe, a ajouté M. Létourneau. On ne pense pas que le gouvernement s'est transformé en gouvernement social-démocrate de centre gauche.»

Les syndicats ont aussi reconnu que le surplus budgétaire de 1,7 milliard enregistré par le gouvernement à la mi-parcours de l'exercice financier de la province pour l'année 2015-2016 offrait une certaine marge de manoeuvre. «Les embellies jumelées à la pression populaire ont peut-être forcé le gouvernement à se concentrer davantage», a dit M. Létourneau.

M. Boyer précise toutefois que le gouvernement avait commencé à faire preuve d'ouverture avant l'annonce du surplus budgétaire, preuve, selon lui, de l'impact de la mobilisation. «Je pense que le gouvernement a compris le message», a-t-il insisté.

La concession principale de la partie syndicale a été d'accepter de fixer l'âge de la retraite sans pénalité actuarielle à 61 ans en 2019, a affirmé Lucie Martineau, porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP).

Les deux parties ont mis de l'eau dans leur vin, puisque le gouvernement proposait une retraite à 62 ans. L'entente prévoit aussi que ceux qui cumulent 30 années de service pourront toutefois partir à 60 ans, sans pénalité. Quant à ladite pénalité actuarielle, elle passera de 4% à 6% en 2020.

L'entente doit encore être approuvée par les membres des centrales syndicales réunis en assemblées générales au retour des congés des Fêtes. Les centrales recommanderont à leurs membres d'accepter l'entente.

Les syndicats ont toutefois insisté pour dire que seul le chapitre des conventions collectives était réglé et que la lutte pour défendre les services publics de qualité se poursuivait.

«Il y a des coupes dans les services publics en santé, en éducation et dans la fonction publique», a illustré M. Boyer.

«On a toujours été clairs, la lutte à l'austérité ne se terminait pas avec la négociation du secteur public. Sur ce terrain, on va maintenir la pression», a enchaîné M. Létourneau.

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Les hausses

2015: 1% sous forme de montant forfaitaire

2016: 1,5%

2017: 1,75%

2018: 2%

2019: hausse moyenne de 2,4% en raison de l'entente sur les relativités salariales

0,5%: montant forfaitaire supplémentaire

1,1% en hausse de rémunération liée aux ententes sectorielles