La Coalition avenir Québec veut que la directrice des poursuites criminelles et pénales (DPCP), Me Annick Murphy, explique publiquement son plan de restructuration des unités affectées à la lutte contre le crime organisé.

Le député caquiste Simon Jolin-Barrette demande à la Commission des institutions de se donner un mandat d'initiative pour étudier la réduction de 40 % des procureurs affectés à la lutte contre le crime organisé. Il a formulé une demande officielle lundi, dans une lettre au président de la Commission, le député libéral Guy Ouellette.

M. Jolin-Barrette souhaite que les parlementaires entendent Me Murphy ainsi que le syndicat qui représente les procureurs de l'État et différents experts sur la lutte contre le crime organisé.

«De ce qu'on connaît du plan annoncé par la directrice, on va diminuer le nombre de procureurs, on va diminuer le nombre de postes de procureurs occasionnels, on va diminuer les équipes, a indiqué M. Jolin-Barrette. Est-ce que c'est la bonne façon de lutter efficacement contre le crime organisé ? Je ne suis pas convaincu.»

Dans une lettre envoyée à ses employés fin septembre, Me Murphy a annoncé la fusion du Bureau de lutte au crime organisé (BLACO), du Bureau de lutte aux produits de la criminalité (BLPC) et du Bureau de lutte à la corruption et à la malversation (BLCM). Les effectifs de ces trois divisions, qui étaient d'environ 110 procureurs, passeront à 60 dans la nouvelle équipe unifiée.

La nouvelle unité sera basée au centre-ville de Montréal. Le bureau de Québec et les bureaux régionaux de Sherbrooke, Gatineau, Trois-Rivières, Saint-Jérôme et Granby seront tous fermés.

Dans sa lettre, Me Murphy a dit souhaiter une «meilleure efficience» et une «plus grande cohérence dans l'organisation du travail». Elle n'a pas caché que le plan s'inscrit dans un «contexte budgétaire désormais restreint».

La CAQ souhaite s'assurer que les procureurs de l'État conserveront les moyens de s'attaquer au crime organisé, malgré les compressions imposées par le gouvernement Couillard.

«Je souhaite que les parlementaires soient informés de ce que ça prend pour lutter efficacement contre le crime organisé au Québec, a résumé M. Jolin-Barrette. Il faut se pencher sur cette question.»

Échec de SharQc

La demande de la CAQ est survenue trois jours après l'arrêt des procédures au procès SharQc, une décision qui a mené à la libération de cinq individus que l'on soupçonnait d'être membres de la section de Sherbrooke des Hells Angels. L'échec de ce procès met en relief «l'urgence» d'étudier la stratégie de lutte contre le crime organisé, selon le député caquiste.

«C'est fort préoccupant, a dit M. Jolin-Barrette, de constater qu'on coupe les ressources au DPCP et qu'en même temps, les chapitres des Hells Angels vont se reformer.»