La ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, a annoncé mercredi qu'un dispositif de « contrôle parental » empêchera les détenus de regarder des films pornographiques sur les télévisions des prisons québécoises.

Mme Thériault a pris cette décision après avoir appris, mercredi, l'existence d'un cas où un téléviseur relié à un réseau de câblodistribution avait permis la diffusion de films pornographiques au centre de détention d'Amos, en Abitibi-Témiscamingue.

L'administration correctionnelle avait pris cette décision le 1er septembre, et la ministre a choisi d'étendre cette mesure aux 18 prisons sous juridiction québécoise, lorsqu'elle a été informée de la situation à la suite d'une question de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Juste avant d'assister à une réunion du conseil des ministres, Mme Thériault a affirmé que cette situation ne pouvait être tolérée dans le réseau carcéral dont elle est responsable.

« Je suis horrifiée d'apprendre que c'est une pratique qui existe et dorénavant il y aura un contrôle parental, a-t-elle dit. On n'est pas dans un hôtel, on est dans un centre de détention et ce sera banni des centres de détention. »

Une porte-parole du ministère de la Sécurité publique, Alexandra Paré, a expliqué que tout matériel pornographique, peu importe le support, est interdit à l'intérieur des murs des prisons québécoises.

Mme Paré a expliqué en entrevue téléphonique qu'un seul cas avait été porté à la connaissance de l'administration des services correctionnels.

« C'est le seul cas qui a été porté à notre connaissance et tout de suite, on a installé le contrôle parental, ç'a été fait et la directive a été transmise (mercredi) à tous les établissements de détention », a-t-elle précisé.

Le député André Spénard, de la CAQ, a affirmé qu'une demande d'accès à l'information a permis d'apprendre que les détenus avaient accès à des films pornographiques grâce à la câblodistribution.

« Ç'a pris du temps avant que Mme Thériault s'aperçoive du problème, la pornographie à l'intérieur des murs, il y en a », a-t-il dit en entrevue.

M. Spénard a expliqué que des agents des services correctionnels avaient porté cette situation à l'attention de la CAQ, ce qui permet de croire qu'elle ne se limite pas à un cas isolé.

« Tout le monde prend ça à l'intérieur de la câblodistribution qui est offerte aux prisonniers, il n'y a pas de paravent pour empêcher la pornographie », a-t-il dit.

Selon M. Spénard, cette situation était inacceptable pour tous les détenus, mais encore plus dans le cas d'agresseurs sexuels.

« Pensez-vous que c'est un gage de réinsertion sociale? Moi je ne pense pas, a-t-il dit. Il faut penser aux victimes. »

Selon M. Spénard, le fait que les prisonniers puissent s'offrir des chaînes payantes du câble, grâce à un fonds de réinsertion sociale pourvu d'une partie de la rémunération qu'ils obtiennent pour du travail accompli en détention, soulève la question de leur participation aux coûts de leur séjour derrière les barreaux.

« C'est rendu que la vie d'un prisonnier c'est quasiment une vie de château, comparativement à nos aînés », a-t-il dit en précisant que la CAQ aura bientôt des propositions sur les sommes qui pourraient être exigées des détenus pour couvrir leurs frais d'incarcération.

Par ailleurs, Mme Thériault a demandé à connaître les critères qui ont permis aux détenus québécois d'obtenir des soins de zoothérapie d'une valeur de 130 000 $, une somme défrayée à partir du même fonds qui a permis aux détenus de s'offrir des chaînes de films payantes.

« J'ai demandé à voir une liste de critères sur laquelle on va pouvoir répartir les sommes d'argent dans des choses qui ne seront pas farfelues, mais qui seront justifiées, a-t-elle dit. C'est normal de questionner, l'argent elle va où, même si c'est l'argent des détenus. On est dans un centre de détention, on n'est pas dans un hôtel, on n'est pas dans un jardin zoologique. »