Soucieux de ne pas jeter d'huile sur le feu dans les négociations avec les policiers dans de nombreuses municipalités, le gouvernement Couillard va reporter le dépôt de son projet de loi sur le port obligatoire de l'uniforme.

Officiellement, le gouvernement a toujours l'intention de déposer un projet de loi en ce sens, mais en raison du contexte de négociations avec le secteur public puis avec les agents de la SQ, plusieurs mois s'écouleront avant que le texte ne soit déposé à l'Assemblée nationale, a-t-on appris. Avare de détails, la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, soulignait cette semaine à La Presse que «le travail se poursui[vai]t, mais que l'agenda législatif de l'automne [était] très chargé».

Funérailles

En juin dernier, le ton avait monté quand les policiers du SPVM avaient arboré des pantalons colorés lors des funérailles de l'ex-premier ministre Jacques Parizeau. Philippe Couillard et sa ministre de la Sécurité publique Lise Thériault avaient vertement tancé les agents de la paix pour ce manque de décorum. «On ne peut pas avoir une société où les agents de la paix se comportent de cette façon», avait dit M. Couillard. Les mêmes agents s'étaient toutefois montrés plus respectueux du décorum pour les funérailles du hockeyeur Jean Béliveau par la suite.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, avait expressément réclamé que Québec adopte une loi pour interdire ces pratiques. Des sources gouvernementales expliquent que des pourparlers ont eu lieu entre les dirigeants syndicaux du SPVM et la ville: si des opérations exigent plus de décorum, les agents vont accepter de laisser leur pantalon de pyjama à la maison et adopter une tenue plus formelle.

Un autre accrochage est survenu quand les policiers de Châteauguay ont décidé de porter des chapeaux et des bottes de cowboys. La ville, qui demandait une injonction pour faire cesser ce moyen de pression, avait été déboutée en cour. Après le dérapage des funérailles de Jacques Parizeau, on était convaincu à Québec que le gouvernement bougerait très rapidement dès l'ouverture de l'Assemblée nationale. Des sources policières en sont bien moins convaincues, désormais.

Car le plan de match des négociations avec les agents de la SQ s'accommoderait mal d'une augmentation accrue du contrôle du gouvernement. La ronde avec l'ensemble du secteur public n'est pas conclue. Or, traditionnellement, les discussions avec les policiers provinciaux ne sont entamées que par la suite.

Au ministère de la Sécurité publique, le projet de loi est prêt depuis des mois. D'une simplicité désarmante, il ne comprend que quelques articles. Mais le gouvernement n'est pas pressé de l'amener à l'Assemblée nationale.