Des syndiqués de l'enseignement ont perturbé une conférence de presse du premier ministre Philippe Couillard jeudi malgré l'imposant dispositif de sécurité mis en place par la Sûreté du Québec.

Quatre représentants de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) ont déjoué la vigilance des policiers et se sont faufilés tout près de M. Couillard. Ils ont scandé le slogan « Le gouvernement Couillard abandonne l'école publique » avant d'être escortés à l'extérieur par les policiers. Ils ont rejoint la vingtaine de manifestants de la FAE qui se trouvaient déjà devant l'hôtel de Saint-Georges-de-Beauce, où se tient une réunion du caucus libéral pour préparer la rentrée parlementaire du 15 septembre.

Les quatre représentants de la FAE sont parvenus à déjouer les policiers en se rendant un peu plus tôt au restaurant de l'hôtel pour donner l'impression qu'ils étaient de simples clients.

Philippe Couillard a réagi en disant que son gouvernement garde le cap malgré la grogne des syndiqués. « Je comprends que les gens s'expriment, et on le voit aujourd'hui. Mais qu'on soit très clair: le plan du gouvernement reste inchangé», a-t-il affirmé.

Selon lui, « pour chaque personne qui manifeste, il y a probablement des centaines de personnes qui ne manifestent pas ».

« L'équilibre budgétaire ce n'est pas une théorie comme le dit M. Péladeau, c'est un élément essentiel, a-t-il ajouté. Les opinions sont entendues, mais le gouvernement ne changera pas son mode de décision selon les manifestations ou les expressions d'insatisfaction. C'est la norme dans toute société. Nous, on va vers l'avant dans la direction qu'on souhaite prendre pour le Québec. »

Lors d'un point de presse devant l'hôtel, le président de la FAE, Sylvain Mallette, a affirmé que les propos du premier ministre ne le démontent pas. « On va faire tout ce qu'on doit faire. Et je le dis parce que nos membres nous le disent sur le terrain : on va faire tout ce qu'il faut pour défendre nos conditions de travail et défendre l'école publique. S'il faut aller jusqu'à la grève, nous irons jusqu'à la grève. Il n'y a pas un prof qui aime ça voir son salaire amputé, mais c'est un geste fort.  Et on va obliger le gouvernement à revenir à la raison. » La FAE détient déjà un mandat de grève de trois jours. Elle décidera les 3 et 4 septembre quand le débrayage sera déclenché. Elle accuse le gouvernement de fermeture dans les négociations pour le renouvellement des conventions collectives.

La FAE écarte-t-elle tout geste illégal ? « Il n'y a aucun changement qui est survenu parce qu'un moment donné on s'empêchait de poser certains gestes. On est des gens intelligents, on est des profs, on aime les élèves avec lesquels on travaille, on va faire les choses correctement. S'il faut poser des gestes, ce sont nos instances qui vont le décider, mais on ne laissera pas ce gouvernement saccager l'école publique, c'est clair dans notre esprit. On est mobilisés et déterminés. »

Alors qu'une poignée de manifestants se trouvaient à Saint-Georges-de-Beauce, il a affirmé que ce n'est pas « le nombre qui compte, mais le geste ». « Venir là où le gouvernement se réunit derrière des portes closes pour décider de l'avenir de l'école publique, c'est un geste de courage », a-t-il dit.

Sylvain Mallette a indiqué que les compressions ont un impact direct sur les services aux élèves, en particulier ceux en difficulté. Le gouvernement viole la loi sur l'instruction publique qui prévoit que l'on doit répondre aux besoins de tous les élèves, a-t-il plaidé. Il étudie la possibilité de recourir aux tribunaux.