Comme Pierre Karl Péladeau « ne parle que de ça quand il parle de politique », Philippe Couillard a décidé de lui servir la réplique de façon systématique sur la souveraineté. « Un projet d'une autre époque » qui ne causerait « que de longues années de souffrance et de difficultés économiques et financières », a tonné le premier ministre devant l'aile jeunesse de son parti, à Shawinigan, dimanche.

Il a mené une charge à fond de train, très applaudie par les militants, contre « la marche vers l'instabilité, la division et le déchirement » que propose selon lui le Parti québécois. Il a déjà critiqué le projet souverainiste depuis son accession au pouvoir, mais rarement de façon aussi virulente.

Il a expliqué le choix de son nouveau plan de match en conférence de presse. « Ce que j'ai décidé de faire, c'est que je ne laisserai pas un pouce aux souverainistes », a affirmé le premier ministre.

Le chef de l'opposition officielle a fait de la souveraineté la « raison unique de son engagement politique », « et il doit répondre à certaines questions ». « Chaque fois qu'ils vont dire quelque chose sur la beauté idyllique d'un Québec indépendant, séparé du Canada, je vais immédiatement leur faire remarquer que ça doit être accompagné de chiffres, d'arguments, de démonstrations crédibles, ce qui n'est jamais le cas », a ajouté M. Couillard.

« Quand je demande à M. Péladeau, comment vous allez remplacer les 10 milliards de péréquation, expliquez-moi ça va être quoi le service de la dette d'un Québec souverain, il est incapable de répondre. Parce qu'il connaît fondamentalement la réponse. »

Lors d'un voyage en France en 2006, Jean Charest avait reconnu sur un plateau de télévision la viabilité financière d'un Québec souverain. Pour Philippe Couillard, le projet souverainiste « est viable à très long terme, mais après des années et des années de difficultés énormes. Et je ne vois pas pourquoi on s'imposerait ça ». « C'est l'évidence même » que « c'est hors des moyens du Québec d'aujourd'hui ». Ce serait même « catastrophique » pour le niveau de vie des Québécois.

Philippe Couillard a également formulé ses demandes aux chefs des partis fédéraux en campagne électorale. Il leur a envoyé une lettre à ce sujet. Il leur « rappelle » que la reconnaissance de Québec comme société distincte dans la Constitution « est toujours attendue ». Il ne participera à aucune négociation constitutionnelle, sur le Sénat par exemple, si cet enjeu ne fait pas partie des discussions. M. Couillard veut également que les transferts fédéraux en santé soient calculés en fonction de la démographie et non per capita, afin de tenir compte du vieillissement de la population qui est important dans certaines provinces comme le Québec et qui exerce une pression à la hausse sur les coûts. Québec se dit pénalisé à l'heure actuelle.

M. Couillard réclame aussi une révision du programme de péréquation, un plus grand financement des infrastructures et un engagement plus soutenu et concerté dans la lutte aux changements climatiques. La loi sur la lutte au terrorisme (projet de loi C-51) doit être modifiée selon lui pour atteindre un meilleur « équilibre entre la sécurité et les droits des gens ». Il a identifié treize « dossiers prioritaires » qui reprennent beaucoup les demandes classiques du Québec à l'égard du fédéral.