Le Parti québécois de Pierre Karl Péladeau aurait remporté une victoire décisive sur les troupes de Philippe Couillard si des élections avaient eu lieu cette semaine. Toutefois, si l'arrivée du nouveau chef péquiste « rebrasse les cartes », son élection aura eu un effet plutôt mitigé sur la popularité de son parti.

Réalisé du 16 au 20 mai auprès de 1000 internautes, le dernier sondage CROP contient « des mauvaises nouvelles pour les libéraux », observe d'entrée de jeu le vice-président de la firme, Youri Rivest. La satisfaction à l'endroit du gouvernement diminue, passant de 39 à 35 %, les « insatisfaits » sont plus nombreux, à 61 %, mais c'est surtout l'augmentation du poids des « très insatisfaits » (31 %) qui surprend. 

« C'est quand même le tiers des Québécois qui sont "choqués" contre le gouvernement. »

Le PQ domine quant aux intentions de vote, avec 33 %, un gain de 6 points attribuable à l'arrivée d'un nouveau chef. Les libéraux encaissent « une baisse importante » de 34 à 29 % et retrouvent ainsi le plancher connu en mars. La Coalition avenir Québec passe de 25 à 20 %. Québec solidaire prend 3 points, à 15 %. Ces scores dans des élections générales assureraient le pouvoir au PQ qui, fait déterminant, peut compter sur l'appui de 39 % des francophones.

L'arrivée de Pierre Karl Péladeau à la tête du PQ « rebrasse les cartes », observe M. Rivest. Le PQ va chercher des votes à la CAQ et probablement aussi chez les libéraux, et en cède quelques-un à Québec solidaire. « Il y a une partie de la gauche qui ne se retrouve plus au PQ. » Mais on est loin d'un raz-de-marée, dans une course à trois.

L'effet PKP

Le PQ avec son nouveau chef obtient 33 % après plusieurs mois de couverture médiatique. « Le plafond demeure bas », remarque le spécialiste. Un mois après qu'André Boisclair eut pris les commandes du parti, le PQ récoltait 53 % d'intentions de vote, et la souveraineté atteignait 52 %. Nouveaux chefs, Philippe Couillard et Justin Trudeau avaient amené leur parti à 38 %, et Thomas Mulcair à 51 %. En outre, le sondage a suivi de quelques heures seulement l'élection de M. Péladeau à la tête du PQ, « le moment idéal pour lui ».

La polarisation, prévisible, du débat sur l'axe fédéraliste-souverainiste n'augure rien de bon pour François Legault, selon M. Rivest : « Ils n'ont pas de place dans ce débat entre péquistes et libéraux. » Son parti a glissé à 20 %, son niveau le plus bas depuis les dernières élections. Toutefois, il peut espérer avoir atteint un plancher, « une base, un noyau d'environ 20 % », plus élevé que le plancher de 16 % des années précédentes. « L'arrivée de Pierre Karl Péladeau fait mal à la CAQ, mais ce n'est pas une hémorragie », croit le sondeur.