La perspective que le nouveau chef péquiste Pierre Karl Péladeau devienne premier ministre nuit actuellement aux investissements privés au Québec, a déclaré mercredi le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault.

M. Legault a déclaré que le chef péquiste suscite des inquiétudes, avec son projet souverainiste, sur les marchés financiers, qui découragent les investisseurs.

«C'est certain que M. Péladeau crée de l'incertitude actuellement, dans le marché, a-t-il dit. (...) Il a une possibilité, même si moi je la juge très improbable, qu'il soit au pouvoir dans trois ans et demi. Donc les marchés financiers sont nerveux, ils n'aiment pas l'incertitude, actuellement, ce n'est pas la meilleure façon d'attirer les investissements privés.»

Sans dire que le fédéralisme est un facteur de stabilité économique, M. Legault a insisté sur les conditions optimales pour susciter des investissements.

«Quand on investit des centaines de millions au Québec, ce n'est pas seulement pour trois ans, c'est pour 10, 20, 30 ans, a-t-il dit. L'incertitude que crée M. Péladeau n'aide pas à attirer des investissements des entreprises.»

Selon M. Legault, cet effet s'accroîtra si M. Péladeau est élu en 2018 au gouvernement.

«Moi je pense qu'il en a un et il en aura un encore plus grand s'il était au pouvoir», a-t-il dit.

Le ministre de l'Économie, Jacques Daoust, a affirmé qu'il est trop tôt pour dresser le même constat que M. Legault, au lendemain de la première intervention de M. Péladeau en Chambre à titre de chef péquiste.

«On va regarder évoluer les marchés, ça fait 24 heures qu'il a été nommé», a-t-il dit.

M. Péladeau a affirmé que les propos de M. Legault sont motivés par sa crainte d'une défaite aux prochaines élections partielles dans les circonscriptions de Jean-Talon et Chauveau, le 8 juin.

«Il est peut-être inquiet de perdre dans Chauveau ou de ne pas gagner dans Jean-Talon, a-t-il dit. Ça fait partie de la joute politique.»

En Chambre, mercredi, le premier ministre Philippe Couillard a répété à M. Péladeau que le projet indépendantiste est une source d'instabilité pour la trame économique québécoise.

«La meilleure façon de garder et d'attirer nos sièges sociaux, c'est de créer au Québec un climat de stabilité politique, financière et économique, et il est aux premières loges pour corriger l'impression d'instabilité que pourrait créer pour les investisseurs d'ailleurs sa constante quête de l'indépendance», a dit le premier ministre.

Avant un caucus de ses députés, M. Péladeau a affirmé de son côté que le départ de sièges sociaux n'a rien à voir avec le projet souverainiste.

«Non, au contraire, je l'ai dit, je le répète et je le réitère, a-t-il dit. C'est l'activité économique, c'est le déploiement des sièges sociaux, la recherche, le développement de nos entreprises à l'international, qui m'habitent et qui me stimulent.»

Selon M. Péladeau, les libéraux utilisent l'instabilité comme faux-fuyant lorsqu'il est question de la souveraineté.

«C'est de la diversion et en cette matière, le Parti libéral est passé maître», a-t-il dit.

À M. Daoust qui l'accusait mardi d'être responsable de la baisse du nombre d'emplois chez Québecor, qui est passé de 60 000 à 15 000 alors qu'il dirigeait l'entreprise, M. Péladeau a expliqué qu'une réorientation des activités du conglomérat était à l'origine de cette diminution.

«Parce que la technologie est passée par là, que l'économie numérique a progressé, les métiers, les activités traditionnelles comme les pâtes et papier et l'imprimerie ont diminué de façon significative», a-t-il dit.

M. Péladeau a également corrigé M. Legault, un comptable, qui l'avait accusé, mardi, d'avoir fait perdre à Québecor 500 millions avec la transaction de Sun Media.

«Ce qu'il a oublié, et c'est un élément qui est extrêmement important et c'est ce qui est surprenant pour un comptable, Québecor a reçu 2,5 milliards de dividendes par sa filiale Sun Media, donc ç'a été une transaction extrêmement enrichissante», a-t-il dit.