Pierre Karl Péladeau est devenu hier le huitième chef de l'histoire du Parti québécois. Il a remporté la course à la direction de manière décisive dès le premier tour avec l'appui de 57,6% des membres de la formation indépendantiste.

M. Péladeau, député de Saint-Jérôme, a aisément devancé Alexandre Cloutier (29,2%) et Martine Ouellet (13,2%) pour remporter la victoire.

Les centaines de militants rassemblés au Centre des congrès de Québec ont explosé lorsque le président de l'élection, Jacques Léonard, a dévoilé le résultat.

«Vous m'avez donné un mandat fort et clair: faire du Québec un pays», a déclaré M. Péladeau dans son premier discours comme chef du parti.

Il a présenté son élection à la tête du PQ comme la première étape vers le rassemblement des indépendantistes.

«J'aimerais dire aux centaines, aux milliers de souverainistes et de nationalistes qui ont quitté notre parti que tous les projets de société seront réalisables lorsque nous aurons un seul État et que nous serons entièrement maîtres de notre destinée.»

Issu du milieu des affaires, connu pour de douloureux conflits de travail lorsqu'il était à la barre de Québecor, M. Péladeau a également tendu la main à l'aile gauche du PQ. Il a dit souhaiter que le PQ reste un parti progressiste.

Depuis son entrée fracassante en politique et son fameux poing brandi pour l'indépendance, le député de Saint-Jérôme était pressenti pour diriger le PQ. Grand favori dans la course à la direction, il a appelé les membres à lui confier un «mandat fort» au cours des derniers jours.

Son appel a été entendu. Son score est supérieur à celui récolté par André Boisclair, qui avait obtenu un peu moins de 54% des suffrages. Pierre-Marc Johnson avait pour sa part obtenu un score de 58,7% en 1985.

M. Péladeau est loin d'avoir connu un parcours sans faute. Néophyte en politique, il a froissé certains de ses collègues du PQ en raison de son tempérament abrasif. Il a été critiqué pour le flou de sa position sur le référendum. Et il a dû s'excuser après avoir déclaré que la démographie et l'immigration sont des obstacles à l'indépendance.

Les adversaires de M. Péladeau ont toutefois été incapables d'en profiter. Jean-François Lisée a été pris à partie par des députés péquistes pour avoir déclaré que les avoirs de son rival sont une «bombe à retardement». Bernard Drainville a été hué après l'avoir critiqué dans un débat à Québec. Les deux hommes ont abandonné la course en concédant la victoire au député de Saint-Jérôme.

Pierre Céré, le sixième candidat, a également abandonné la course faute d'avoir recueilli suffisamment de dons.

Alexandre Cloutier et Martine Ouellet misaient sur un deuxième tour pour espérer le coiffer au fil d'arrivée, mais ils ont été incapables de le stopper. Profitant d'une machine beaucoup plus imposante, il a aussi levé près de quatre fois plus d'argent que son plus proche rival.

Les deux candidats défaits ont indiqué hier qu'ils se rallieraient au nouveau chef.

«Je prends l'engagement devant vous, ce soir, de non seulement travailler à l'unité de notre grande formation politique, mais de continuer à porter les idées que j'ai portées tout au long de cette course à la chefferie», a déclaré M. Cloutier.

«Vous pourrez toujours compter sur moi, a dit Mme Ouellet. Ça fait 28 ans que je suis avec vous au Parti québécois. Ça fait 28 ans, ensemble, que nous faisons avancer le parti. Et c'est avec vous que je veux continuer de travailler.»

Les militants ont commencé à voter mercredi matin et l'exercice s'est terminé à 17h hier après-midi.

Sur les 71 000 membres que compte le PQ, 72,9% ont exercé leur droit de vote. Le Parti comptait 140 000 membres lors de l'élection d'André Boisclair en 2005.

Les résultats

> Pierre Karl Péladeau - 57,58%

> Alexandre Cloutier - 29,21%

> Martine Ouellet - 13,21%

Taux de participation: 72,9%, soit environ 52 000 membres.