Tant sur la scène fédérale que provinciale, la FTQ se trouvera sur le chemin des gouvernements en 2015. Manifestation, négociation, campagnes contre des députés, le syndicat compte se faire entendre afin de barrer la route aux conservateurs de Harper et aux politiques d'austérité du gouvernement Couillard.  Et ce n'est pas un éventuel blâme de la commission Charbonneau qui nuira à leurs efforts, croit Daniel Boyer, président du syndicat. Voici une liste des luttes inscrite à l'agenda du syndicat en 2015.

Lutte contre l'austérité

L'hiver de la Fédération des Travailleurs du Québec s'annonce chaud. Une grande rencontre des groupes de pression (syndicats, associations étudiantes, organisation militante et communautaire) réunis en Front social est prévue dans les prochaines semaines pour mettre sur pied un plan d'action pour « contrer les mesures d'austérité» du gouvernement, a indiqué M. Boyer dimanche matin lors d'une rencontre avec les médias. «Nous n'avons rien contre le retour à l'équilibre budgétaire, mais on trouve que le gouvernement va trop vite, a-t-il poursuivi. On va se mobiliser comme jamais au cours de l'année 2015.»

Négociation des employés du secteur public

Le premier bras de fer du syndicat sera avec le gouvernement Couillard et le président du Conseil du Trésor Martin Coiteux dans le cadre de la négociation de la convention collective des employés du secteur public qui arrive terme le 31 mars. Le front commun syndical réclame des hausses totalisant 13,5% sur trois ans afin de combler un retard avec les travailleurs du secteur privé. M. Coiteux propose plutôt un gel de salaire pendant dans deux ans, suivi d'une augmentation annuelle de 1 % sur les trois années suivantes, ce que M. Boyer qualifie « d'offre méprisante ». «[M. Coiteux] va nous trouver sur son chemin, mais en même temps on est prêt à négocier de bonne foi», a affirmé M. Boyer. Les négociations débuteront la semaine prochaine.

Pas de grève... pour l'instant

La FTQ compte manifester, négocier, proposer des solutions, visiter des députés, mais M. Boyer précise toutefois qu'il n'est pas question de grève... pour le moment. « Il y a une vague de fond dans la population qu'on n'a pas vu depuis longtemps», ajoute le secrétaire général de la FTQ Serge Cadieux. La FTQ veut surtout être impliquée dans les discussions pour rétablir l'équilibre budgétaire. « Nos membres sont mobilisés, je me suis fait demandé par des membres si j'étais prêt à aller à prison, on a des membres qui sont prêts à défier un décret ou une loi spéciale», a illustré M. Boyer avant de réitérer sa volonté de négocier.

Barrer la route aux conservateurs

La FTQ a également dans sa mire les élections fédérales prévues en octobre 2015. Comme le révélait La Presse samedi, le syndicat se mobilisera pour empêcher les conservateurs de remporter une quatrième victoire. Pour ce faire, pas question d'appuyer un seul parti comme ce fut déjà dans le passé (souvent au profit du Bloc Québécois). La FTQ a ciblé une dizaine de circonscriptions au Québec. « On va travailler avec le candidat qui a le plus de chance de battre le conservateur, dans une circonscription ça pourrait être le candidat du NDP, dans une autre du parti libéral ça pourrait aussi être un candidat du Bloc Québécois», a expliqué Serge Cadieux, secrétaire général de la FTQ. Le syndicat travaillera de concert avec les syndicats de tout le pays pour coordonner leurs actions. En tout, une soixantaine de circonscriptions seront visées partout au Canada.

Commission Charbonneau

En cette année de mobilisation, la FTQ risque aussi de traverser une zone de turbulence si jamais le syndicat était blâmé dans le rapport final de la Commission Charbonneau qui doit être déposé au printemps 2015. Des anciens dirigeants de la FTQ dont l'ancien président Michel Arsenault avait notamment témoigné devant la juge France Charbonneau l'an dernier.  Pour le moment, contrairement au Parti libéral du Québec et au Parti Québécois, la FTQ dit ne pas avoir reçu de préavis de blâme. Si jamais ils étaient blâmés, M. Boyer ne craint pas que cela nuise à leur lutte. « Je pense que les gens sont capables de faire la part des choses. S'il y avait quelque blâme que ce soit, ce serait sur des événements qui se sont produits il y a 7 ou 8 ans», a indiqué M. Boyer. Il cite au passage les changements mis en oeuvre depuis dont le code d'éthique en place depuis 2011. «Dans les dernières années, vous n'avez pas vu de scandale à la FTQ», souligne-t-il.