Des groupes qui viennent en aide aux femmes affirment que les politiques d'austérité du gouvernement Couillard pénaliseront au premier chef les femmes.

Huit représentantes de regroupements ou organismes d'aide aux femmes ont rencontré la presse, mardi à Montréal, pour parler des activités prévues dans le cadre des 12 journées d'action annuelles pour l'élimination de la violence faite aux femmes.

Ces activités prennent une connotation particulière cette année, 25 ans après la tuerie de l'École polytechnique, sans compter la récente vague de dénonciations d'agressions sexuelles et d'actes de harcèlement dans les médias sociaux.

«On reconnaît qu'il y a une violence qui est dirigée envers les femmes parce qu'elles sont des femmes. Et c'est de ça qu'il faut parler», a plaidé la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi.

Du même souffle, ces représentantes ont dénoncé les politiques d'austérité du gouvernement Couillard, qui touchent non seulement les tarifs des services de garde, mais aussi les services sociaux, l'éducation, la santé, l'aide aux organismes bénévoles.

D'abord, les femmes, parce qu'elles sont généralement plus pauvres que les hommes, sont davantage touchées par ces compressions budgétaires et hausses de tarifs, croit Diane Matte, de Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle. «Toute politique d'austérité qui a pour objectif de cibler la solidarité sociale est une attaque contre l'égalité entre les hommes et les femmes», a-t-elle opiné.

À cause des compressions budgétaires et de personnel dans les services sociaux et les soins de santé, Carolle Mathieu, de l'organisation R des centres de femmes du Québec, affirme que des centres reçoivent même des femmes qui leur sont recommandées par des hôpitaux et des Centres de santé et des services sociaux - des institutions pourtant publiques.

«Il faut dénoncer l'austérité comme une forme de violence contre les femmes», croit Mme Mathieu.

Manon Monastesse, de la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes, rapporte qu'à cause du manque de logements sociaux et du manque de soutien financier, «certaines femmes n'ont d'autre choix que de retourner avec un conjoint violent». Elle appréhende aussi des réductions budgétaires au programme d'indemnisation des victimes d'actes criminels.

Selma Kouidri, du Réseau d'action des femmes handicapées, croyait que des maisons d'hébergement pour femmes pourraient enfin recevoir une clientèle de femmes handicapées en adaptant leurs locaux. Elle craint que les compressions budgétaires qui s'abattent sur les services sociaux et sur les organismes communautaires ne retardent encore cette ouverture.

La présidente de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi, a rejeté l'affirmation de la ministre Francine Charbonneau voulant que la hausse des tarifs des services de garde n'aura que peu ou pas de répercussions sur le maintien des femmes dans le marché du travail.

«C'est un peu comme l'ensemble du programme d'austérité: c'est basé sur beaucoup de rêves, mais pas beaucoup de réalité. Cette idée-là que les femmes ne seront pas affectées, c'est basé sur du ouï-dire de sa part, ce n'est pas basé sur une recherche. Nous, on demande un avis du Conseil du statut de la femme et du gouvernement sur l'ensemble du programme d'austérité, parce qu'ailleurs dans le monde, en Angleterre, en France, en Grèce, l'austérité a amené des reculs majeurs pour les femmes», a commenté Mme Conradi.