La décision est tombée: c'est le sous-ministre à la Sécurité publique Martin Prud'homme qui deviendra le prochain patron de la Sûreté du Québec, a appris La Presse. La nomination de cet ancien inspecteur de la SQ devrait être confirmée aujourd'hui par le conseil des ministres.

Plusieurs sources confirment qu'il constituait le choix le plus sûr («safe») pour le gouvernement, alors que l'expérience de Prud'homme au sein de la fonction publique a pesé lourd dans le choix de Québec.

Issu de la fonction publique, le nouveau patron des 5000 policiers provinciaux aura un important défià relever: celui de procéder aux compressions budgétaires qu'il annonçait lui-même aux cadres et aux chefs syndicaux de la SQ, il y a tout juste un mois.

L'organisation doit se préparer à passer un mauvais quart d'heure devant le comité de révision de programmes - dirigé par l'ex-ministre Lucienne Robillard: des centaines de véhicules de fonction et les coûts d'administration importants sont dans la ligne de mire du comité.

Le choix du gouvernement

Hélène Gagné, la patronne de l'Institut de police et présidente du comité de sélection mis sur pied par Québec, a fait ses recommandations hier à la ministre Lise Thériault. En tout, une dizaine de personnes avaient soumis leur candidature, le comité avait trois noms à proposer et le gouvernement a choisi.

En campagne électorale, le premier ministre Couillard s'était engagé à dépolitiser le choix du patron de la SQ désormais confié à un comité d'experts qui doit faire ses recommandations au gouvernement.

Techniquement, le haut fonctionnaire est un civil, «mais [il] sera vite vu comme [un policier] dès qu'il remettra le pied [au quartier général de la rue] Parthenais», précisent nos sources.

M. Prud'homme connaît en effet l'organisation de fond en comble et a, depuis cinq ans, gardé ses contacts à tous les étages de l'établissement de l'est de Montréal.

Tous les échelons

Âgé de 45 ans, il a commencé dans la patrouille à Montréal en 1988. Après un bref passage comme agent double au début des années 90, il a cumulé les fonctions d'enquêteur, de caporal et de sergent, puis il est rapidement devenu capitaine spécialiste en mesures d'urgence. Il a également été patron du service d'enquête, de 2004 à 2009. C'est d'ailleurs lui qui, en 2007, a donné le point de vue de la SQ sur la disparition toute récente de Cedrika Provencher à Trois-Rivières.

En 2009, M. Prud'homme a été nommé sous-ministre adjoint aux affaires policières sous le gouvernement Charest, alors que Jacques Dupuis était responsable de la Sécurité publique. Puis, en 2011, sous l'égide de Robert Dutil, il a été nommé sous-ministre en titre.

Le gouvernement Marois l'a maintenu en poste à son arrivée au pouvoir, tout comme, par la suite, le Parti libéral.

M. Prud'homme est le gendre de Robert Lafrenière, le patron de l'UPAC, dont la fille est aussi policière.

Son arrivée sera accueillie avec soulagement: après des mois difficiles, les policiers craignaient plus que tout l'arrivée d'un «civil» - Guy Coulombe et Florent Gagné, patron de la SQ dans les années 90, n'avaient aucune expérience policière.

L'arrivée de quelqu'un de l'extérieur, de la GRC ou du SPVM, aurait aussi provoqué des grincements de dents.

L'an dernier, le gouvernement Marois avait imposé Mario Laprise à la barre de la SQ, apportant de l'eau au moulin de ceux qui voient l'influence du politique dans les décisions policières.

Par la suite, le prédécesseur de M. Laprise, Richard Deschênes de même que d'autres gros canons de la police ont été accusés au criminel pour l'utilisation inappropriée d'un fonds spécial destiné aux opérations policières.