Le temps est venu de relancer le débat sur la question nationale, estime Pauline Marois. Dans un discours à forte saveur électorale, la première ministre a promis hier soir de déposer un livre blanc sur l'avenir politique du Québec si elle est reportée au pouvoir. Il faut, selon elle, «préparer le Québec à devenir un pays», mais «sans bousculer les Québécois».

Devant environ 300 militants réunis à Trois-Rivières, la chef péquiste a déclaré qu'il est temps, presque 20 ans après le référendum de 1995, de «faire un bilan sur le chemin parcouru et la route que nous devons prendre».

Avec le dépôt d'un livre blanc, Mme Marois s'inspire de la démarche lancée par René Lévesque avant le référendum de 1980. Les Québécois ont été conviés à ce type d'exercice de façon périodique, a-t-elle fait valoir, rappelant, par exemple, la commission Bélanger-Campeau de 1990 et celle sur l'avenir du Québec de 1995.

Mais Mme Marois maintient qu'un référendum sur la souveraineté se tiendra «au moment approprié» seulement. «J'aimerais que ce soit le plus tôt possible, mais on ne bousculera pas les Québécois», a-t-elle affirmé. Elle propose donc une forme d'étapisme: la consultation sur le livre blanc précéderait la tenue d'un référendum, si cette option devait être retenue.

Elle a sa réplique toute prête pour les libéraux qui, selon ses dires, «aiment répéter» que le Parti québécois «menace de tenir un référendum». Leur chef Philippe Couillard, lui, «menace» de ne pas tenir de référendum dans son projet de signer la Constitution canadienne, ce qui serait «antidémocratique», a-t-elle plaidé.

«Philippe Couillard voudrait signer la Constitution canadienne et verrouiller le statut du Québec comme simple province. Il voudrait le faire sans nous consulter, sans égard pour notre histoire et sans égard pour l'avenir. De notre côté, nous voulons que le Québec devienne un pays. Il faut examiner chacune de ces options»,  a-t-elle affirmé.

«Quel statut nous permettra de préserver notre langue sur une période de 10, 20 ou 50 ans? Celui de province canadienne ou celui de pays? Pour moi, c'est clair: la seule voie qui assure l'avenir du français, c'est celle d'un pays, d'un pays francophone en Amérique!», a-t-elle lancé.

«Qu'est-ce qui représente le plus grand risque pour notre avenir, demeurer une province ou devenir un pays? Il est temps de recommencer à réfléchir soigneusement, à débattre sérieusement de l'avenir de notre nation. C'est ce que nous allons faire.»

«On ne peut évidemment pas présumer de la direction que les Québécois prendront, a-t-elle ajouté. Ni du moment où nous serons prêts à faire nos choix. Mais on va proposer une avenue claire.»

En route vers une campagne électorale printanière

«Pour l'instant», Mme Marois a invité les militants à se tenir prêts à la «prochaine bataille». «Nous devons nous préparer dans chacune des circonscriptions», a-t-elle insisté. François Legault et Philippe Couillard «ont déclaré qu'ils étaient prêts à nous précipiter en campagne électorale en votant contre le budget. S'ils ne reculent pas, il reviendra aux électeurs de trancher», a-t-elle lancé. La Presse révélait hier que le gouvernement et la machine du Parti québécois travaillent à un scénario de campagne électorale déclenchée autour du 12 mars pour un scrutin le 14 avril. «À vous voir si nombreux et enthousiastes, ça me donne des idées. Je vais continuer à réfléchir», a-t-elle dit à ses militants. Même le doyen et vice-premier ministre François Gendron, opposé à des élections l'automne dernier, croit qu'il est maintenant «légitime» pour le gouvernement de se préparer à lancer un appel aux urnes. Il a évoqué l'idée que le budget ne soit pas déposé au préalable.

Clairement, hier soir, Pauline Marois a testé plusieurs lignes d'attaque qui pourraient se retrouver dans ses discours de campagne. «Les Québécois auront à trancher entre deux façons très différentes de voir notre avenir», a-t-elle affirmé. «Il y a l'attitude négative de M. Legault, selon laquelle on ne fait jamais rien de bon au Québec. Il y a la démarche hésitante, indécise, mollassonne de M. Couillard. Et il y a la vision de mon gouvernement, positive et déterminée», a-t-elle soutenu.  «Je fais entièrement confiance aux Québécois. Entre l'austérité [préconisée par l'opposition] et la prospérité, ils vont choisir la prospérité.» Le caucus du PQ est actuellement réuni à Shawinigan en prévision de la reprise de la session parlementaire, mardi prochain.

Finances publiques et salaire minimum

> Garder le cap

Le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a voulu garantir, hier, que le gouvernement ne fera pas un déficit plus important que prévu pour l'année financière se terminant le 31 mars. «La cible de 2,5 milliards, c'est un maximum et nous allons l'atteindre», a-t-il dit.

Hausse du salaire minimum

Plusieurs semaines plus tard que d'habitude, Québec a annoncé hier que le salaire minimum passera à 10,35$ l'heure le 1er mai, une hausse de 0,20$. La ministre du Travail, Agnès Maltais, s'est défendue d'avoir planifié son annonce à des fins électoralistes. En décembre, le moment où a lieu ce type d'annonce traditionnellement, «j'étais un peu occupée, voyez-vous, sur le plan d'action sur les régimes de retraite», a-t-elle expliqué.