Le départ de Fatima Houda-Pepin prouve que les libéraux «vivent sur une autre planète», croit Bernard Drainville.

«Tu vois bien qu'on ne peut pas leur faire confiance aux libéraux sur la question des signes religieux. Ils ne sont juste pas capables de défendre nos valeurs», a lancé le ministre des Institutions démocratiques.

Selon lui, les libéraux «paient pour leur incohérence» en se prononçant pour la laïcité, mais en refusant qu'elle «s'incarne dans les personnes».

«Les Québécois n'achètent pas cela, a-t-il poursuivi. C'est une position déconnectée. (Les libéraux) ne sont même pas prêts à interdire les signes religieux pour les juges, les policiers et les gardiens de prison. C'est déconnecté.»

Le chef libéral Philippe Couillard a rappelé lundi qu'aucun policier ou juge ne porte de signe religieux au Québec. Le ministre Drainville l'a reconnu. Pourquoi alors en faire un grand débat de société?

«Ce n'est pas parce qu'il n'y en a pas qu'il n'y en aura pas. Mais c'est d'abord et avant tout une question de principe», a-t-il répondu.

Il avance que pour Mme Houda-Pepin, c'était aussi une «question de principe et une façon de lutter contre l'intégrisme».

Avec le départ de la seule députée musulmane de l'Assemblée nationale, les libéraux perdent-ils leur grande spécialiste sur la laïcité et l'intégrisme? «Elle avait une contribution particulière et remarquable à apporter. J'aurais aimé qu'elle demeure», a reconnu le libéral Marc Tanguay. Mais un caucus doit travailler en équipe et défendre une position commune, ce que refusait la députée insoumise, dit-il.

M. Tanguay rejette le lien entre l'interdiction du port de signes religieux et l'intégrisme. «Le combat contre l'intégrisme est beaucoup plus large. On ne pourrait pas dire qu'en éliminant tous les signes religieux, quels qu'ils soient, on vient de porter un dur coup à l'intégrisme.»

Selon la Coalition avenir Québec, le départ de Mme Houda-Pepin est «triste». «Ça fait cinq mois qu'on en parle, on sait où se situent le Parti québécois et la Coalition avenir Québec, mais on ne sait pas où se situe le Parti libéral. Ils ont un sérieux problème», dit la caquiste Nathalie Roy.

Le chef libéral présentera la position de son parti en début d'après-midi.

Le ministre et la famille Pineault-Caron

Le ministre Drainville était moins prompt à commenter le témoignage de la famille Pineault-Caron (lire le mémoire ici en PDF), qui soutenait que «les gangs de rue ont pris le contrôle», que des politiciens veulent «nous faire reculer de 1000 ans avec des guerres de religion»  et qu'il est «impensable» de permettre aux croyants de porter des «déguisements» religieux, même chez eux.    

M. Drainville n'a pas voulu qualifier ces propos de «xénophobes». «Vous avez vu comme j'ai agi?», a lancé le ministre aux journalistes. Il dit avoir expliqué à la famille que le projet de charte péquiste «respecte la diversité, la différence» et vise «la neutralité parce qu'on reconnaît que tout le monde a droit à sa religion». Mais il y a encore beaucoup de «pédagogie» à faire, reconnaît le ministre.