Le Parti québécois (PQ) ne semble pas vouloir faire de compromis pour adopter sa charte des «valeurs de laïcité». L'exécutif national veut plutôt l'utiliser comme outil de mobilisation pour obtenir une majorité aux prochaines élections, et la faire adopter telle quelle.

«Allons au-devant de ces gens-là, et demandons-leur de militer pour s'assurer que lors de la prochaine campagne électorale, nous soyons majoritaires», a déclaré Éric Leduc, vice-président de l'organisation au comité exécutif du PQ. Il parlait à l'ouverture du Conseil national du Parti québécois, qui se déroule cette fin de semaine au Palais des congrès. Le thème prévu: Faisons du Québec un pays riche. C'est toutefois la charte qui retenait l'attention à l'ouverture.  

Peu après, la première ministre Pauline Marois a lancé aux quelque 500 militants que «le premier chantier pour renforcer le Québec, c'est l'identité».

Elle a raillé les libéraux, qui s'opposaient à la Charte de la langue française dans les années 70, et qui s'opposent aujourd'hui à la charte des «valeurs de laïcité».   

Pour adopter sa charte maintenant, le gouvernement péquiste minoritaire doit obtenir l'appui de la Coalition avenir Québec. Or, Mme Marois n'a même pas mentionné ce parti dans son discours.

La charte risque donc d'être centrale dans la prochaine campagne électorale. D'ailleurs, ce projet «mobilise énormément les gens sur le terrain», a rapporté Éric Leduc. Il a invité les militants à en profiter sur le terrain. En vertu des nouvelles règles de financement, ils en récolteront les fruits. Pour chaque dollar amassé, 80 cents iront à la circonscription du donateur, et non au national, a-t-il rappelé.

La charte liée à la souveraineté?

Le leader parlementaire Stéphane Bédard n'a pas voulu faire de lien direct entre la charte et la souveraineté. Même chose pour le ministre des Finances, Nicolas Marceau. Ils croient que la charte pourrait être adoptée maintenant, à l'intérieur du fédéralisme.

Marc Laviolette, ex-syndicaliste et militant du SPQ-Libre, a aussi indiqué que la charte pourrait être adoptée maintenant, mais il a dénoncé le «gouvernement des juges» et le multiculturalisme. Il reconnaît que la charte pourrait être déclarée inconstitutionnelle, et invite donc le gouvernement à utiliser la clause dérogatoire pour se protéger des contestations judiciaires.  

M. Bédard avait aussi une réplique cinglante pour les mutins comme M. Laviolette qui ont voulu détrôner Pauline Marois lorsqu'elle était chef de l'opposition. «Mme Marois a passé à travers toutes les épreuves, même la trahison, des épreuves qui nous ont marqués», a-t-il lancé devant tous les militants.

Bédard cherche des dissidents libéraux

Stéphane Bédard cherche des dissidents au Parti libéral. Il souhaite que les libéraux obtiennent le vote libre au sujet de la charte. Des dissidents libéraux se cachent, soupçonne-t-il. Il a évoqué le cas de libéraux qui «nous ont appuyés au sujet de la charia», quand le PQ dénonçait la proposition d'un tribunal islamique en Ontario. Il référait ainsi à la députée libérale Fatima Houda-Pépin.  

Les jeunes se rallient derrière la charte

Plus de Québécois sont en faveur qu'en défaveur du projet de charte, même si le débat public est polarisé. Chez les jeunes, l'appui à la charte est plus faible. Mais les jeunes du PQ ont donné un «appui sans réserve» à la charte, a annoncé leur président, Frédéric St-Jean. Il s'agit d'un «verdict unanime». Les jeunes avaient toutefois différentes réserves, a-t-il reconnu en impromptu de presse. Pressé de questions, il a avoué que le droit de retrait renouvelable initialement accordé aux cégeps et universités, qui auraient pu se soustraire à la charte, dérangeait quelques membres de l'aile jeunesse. Ce droit de retrait renouvelable, qui apparaissait dans les orientations dévoilées en septembre, a été limité dans le projet de loi déposé cette semaine. Il est seulement accordé aux établissements de santé, à des conditions strictes.