Le débat sur la charte des valeurs québécoises se transforme en «procès de la religion musulmane», s'inquiète le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault.

«Je sens qu'il y a un risque sérieux de dérapage. On est en train de stigmatiser un groupe de notre société», dénonce-t-il.

M. Legault dit sentir ce phénomène à Montréal, où il habite, et dans sa circonscription de l'Assomption. «Il y a des personnes qui tiennent des propos que je n'aime pas entendre sur la religion musulmane.»

Réfère-t-il aux Janette et à Denise Filiatrault, qui a qualifié les musulmanes voilées de «folles»? «Je ne veux pas mentionner un événement ou un autre, mais vous les connaissez aussi bien que moi», a-t-il répondu.

Le chef libéral Philippe Couillard croit que le débat actuel «fait appel au plus bas commun dénominateur de la nature humaine». Il ne parle que des commentaires des pros-charte. Il croit que le gouvernement «donne une autorisation implicite» à l'expression de «l'intolérance».

M. Legault déposera bientôt son projet de loi. Il a invité la première ministre Pauline Marois à rencontrer les trois chefs de parti pour trouver un «compromis» afin de «mettre cette question derrière nous» et «éviter un dérapage dramatique».  Trois anciens premiers ministres péquistes l'ont déjà suggéré, note-t-il.

«Je ne crois pas que ce soit pertinent», a répondu Mme Marois. Elle veut faire «les choses dans l'ordre». Soit déposer le projet de loi dans «quelques semaines» puis poursuivre le débat en commission parlementaire. Quant aux «dérapages» que dit observer M. Legault, la première ministre dit «faire confiance aux Québécois».  

Débat polarisé

Le chef caquiste note que le débat est polarisé entre le gouvernement péquiste, qui veut interdire les signes religieux ostentatoires à tous les fonctionnaires, et le Parti libéral, qui veut continuer de les permettre à tous. La CAQ propose de les interdire à employés de l'État qui exercent deux types d'autorité: une autorité coercitive (juge, gardiens de prison, procureur de la couronne, policier) et une autorité morale (enseignant et directeurs d'école).

La CAQ ne récolte plus que 15% des intentions de vote. Passe-t-elle inaperçue à cause de cette position de compromis? «Je préfère perdre des points dans les sondages que d'agir de façon irresponsable», répond M. Legault.