Le Conseil du statut de la femme n'est pas un organisme indépendant, de souligner la première ministre Pauline Marois. «En matière d'indépendance, ce mot est absolument absent de la loi qui constitue le Conseil du statut de la femme. À plusieurs endroits, on stipule même que la présidente doit avoir l'autorisation préalable du ministre pour entreprendre l'étude de toute question qui relève de l'égalité et du respect des droits».

Les quatre membres nommés «selon notre prérogative sont des gens de très grande qualité» a-t-elle conclu.

Mais elle n'a pas répondu à la question de l'opposition, qui réclamait qu'on respecte une motion adoptée la veille par l'Assemblée nationale, qui demandait au gouvernement de renoncer à ses nominations. Mme Marois a commencé par dire qu'il faudrait que Philippe Couillard, le chef libéral, soit présent à l'Assemblée puis a bifurqué sur la position du PLQ sur la question de la Charte des valeurs, «aucune question ne vient là-dessus... ».

Le ton a vite monté jeudi à l'Assemblée. La veille le gouvernement minoritaire avait été battu aux voix, à 63 contre 48, les députés avaient adopté une motion demandant au gouvernement de «surseoir» à ses quatre nominations à l'organisme. Leader parlementaire des libéraux, Me Pierre Moreau s'est insurgé de voir «fouler au pied une décision de l'Assemblée nationale». La position du gouvernement qui repousse une demande de l'Assemblée «est déshonorante pour la fonction (de député)» de lancer Me Moreau.

«La première ministre du Québec devrait avoir la décence de répondre à la question ! de répliquer Me Moreau.

Plus tôt, la critique de la condition féminine dans l'opposition, Maryse Gaudreault avait relevé que le gouvernement n'avait pas respecté la loi en ne tenant pas compte des catégories prévues pour la nomination des quatre femmes, des juristes et une syndicaliste, ce qui avait mis le feu aux poudres la semaine dernière. En Chambre, la ministre Maltais a répliqué que la présidente du Syndicat des fonctionnaires, Lucie Martineau, comblait le poste dévolu aux syndicats. Quant aux juristes, elles étaient recommandées par des associations de femmes, et à ce titre représentent les «milieux socio-économiques».

Mme Maltais n'a pas expliqué toutefois pourquoi le site internet du Conseil, depuis la semaine dernière, ne mentionnait plus les catégories prévues à la loi pour la provenance des membres de son conseil d'administration. «Je ne le savais pas, ce n'est pas nous qui contrôlons le site du conseil» a-t-elle expliqué à La Presse par la suite.