La députée libérale Christine St-Pierre a dû présenter ses excuses, mardi, après avoir lancé une grossièreté à l'intention de la première ministre Pauline Marois à l'Assemblée nationale.

Les esprits se sont échauffés au cours d'un débat sur l'ingérence politique alléguée du gouvernement péquiste au sein du Conseil du statut de la femme. Outrée par une réponse de Mme Marois, la députée de l'Acadie a laissé échapper à voix basse des propos «indignes et orduriers» contre la première ministre, s'est insurgé le leader parlementaire du gouvernement, Stéphane Bédard, pendant la période de questions.

Les versions divergent quant aux termes employés, certains observateurs ayant entendu la députée qualifier Mme Marois de «vache», d'autres, comme le député péquiste Marjolain Dufour, ayant plutôt entendu un «va chier» bien senti.

En tout état de cause, Mme St-Pierre n'a pas cherché à se défiler et s'est amendée.

«J'ai rencontré Mme Marois en personne après la période de questions et je lui ai présenté des excuses», a-t-elle écrit sur son compter Twitter, désireuse de mettre fin à la controverse.

La porte-parole de l'opposition en matière de culture est dans le collimateur du gouvernement péquiste qu'elle accuse depuis plusieurs jours d'avoir noyauté le Conseil du statut de la femme pour obtenir un avis favorable à la Charte des valeurs québécoises.

Le numéro deux du gouvernement, le vice-premier ministre François Gendron, a déclaré en matinée que Mme St-Pierre était bien mal placée pour crier à l'ingérence politique puisqu'elle a elle-même mis à la porte Christiane Pelchat, prédecesseure de l'actuelle présidente du CSF, Julie Miville-Dechêne.

Le gouvernement Charest a expédié Mme Pelchat à la délégation générale du Québec à Mexico en 2011 parce que Mme St-Pierre, alors ministre responsable de la Condition féminine, n'aimait pas ses orientations, a avancé le député d'Abitibi-Ouest et ministre de l'Agriculture.

«Vous demanderez à Mme St-Pierre ce qu'elle a fait avec l'ancienne présidente du conseil. Elle l'a mise dehors! Elle l'a mise dehors parce qu'elle n'aimait pas ses prises de position claires. Ça, c'est de l'ingérence manifeste, claire», a-t-il dit.

En comparaison, la nomination récente de quatre administratrices sympathiques aux vues du gouvernement sur la question de la laïcité ne constitue qu'une «présomption» d'ingérence, a soulevé M. Gendron.

En Chambre, Mme Marois en a rajouté. Le Conseil du statut de la femme jouit de sa liberté d'expression et sa présidente actuelle peut respirer à l'aise contrairement à sa prédécesseure.

«Effectivement, (la) liberté de parole, d'expression du Conseil du statut de la femme, c'est leur rôle et leur responsabilité, et je n'en attends rien de moins de cette organisation. Je ne tasserai pas sa présidente comme d'autres l'ont fait à d'autres moments», a-t-elle affirmé, faisant référence au rôle qu'aurait joué Mme St-Pierre dans le départ de Christiane Pelchat en 2011. L'allusion n'a pas échappé à la députée libérale qui a répliqué avec les propos pour lesquels elle a dû présenter ses excuses.

À Mexico, une porte-parole de la déléguée générale du Québec a indiqué mardi que Mme Pelchat était parfaitement au courant de la controverse autour des circonstances entourant sa nomination à ce poste, de même que de la sortie de Mme Miville-Dechêne, qui s'estime muselée par le gouvernement. Mais Mme Pelchat a refusé toute demande d'entrevue.

Quoi qu'il en soit, l'ancienne ministre de la Condition féminine s'est défendue d'avoir «tassé» Christiane Pelchat. Au contraire, Mme Pelchat a obtenu une promotion en joignant la diplomatie québécoise, a argué Mme St-Pierre.

«Tassez-moi et envoyez-moi diplomate à l'étranger, vous pouvez être sûr que je vais dire oui, je vais vouloir être «tassée» certain», a-t-elle dit pour illustrer combien la fonction de déléguée générale est prestigieuse.

À ses yeux, les attaques du gouvernement péquiste à son égard traduisent «un état de panique» car il est incapable de susciter l'adhésion à son projet de charte des valeurs.

Il importe de souligner que sous la gouverne de Christiane Pelchat, le CSF avait présenté au printemps 2011 un avis sur la laïcité proche des orientations de l'actuel gouvernement du Parti québécois.