Québec doit aller de l'avant avec sa Charte des valeurs québécoises sans craindre les critiques, selon le ministre responsable de la Métropole Jean-François Lisée. Il croit que l'histoire lui donnera raison.

«Si on veut agir sur la question de la langue, des valeurs, de l'identité, il faut s'attendre à se faire traiter de tous les noms. Si MM. Lévesque et Laurin avaient dit ça me dérange, il n'y aurait pas eu de loi 101 [Charte de la langue française].»

Le ministre croit qu'à l'image de cette loi, la Charte des valeurs québécoises finira par faire consensus avec le temps. Il faut donc agir avec «leadership», plaide-t-il.

Le philosophe Charles Taylor, qui coprésidait la commission sur les accommodements raisonnables, a comparé le gouvernement péquiste à celui de Vladimir Poutine en Russie, qui réprime les gais.

«Dans ce débat, le ton va être aussi important que le fond. Il faut faire ce débat dans le respect des uns et des autres», a réagi Bernard Drainville, ministre responsable de la Charte des valeurs québécoises.

«Il faut que les intellectuels nous éclairent et nous aident à ouvrir le débat, à libérer le discours, pas à l'enfermer dans des qualificatifs qui nous empêcheraient d'aller plus loin», a renchéri le ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne.

Le ministre Drainville est prêt à respecter ses engagements électoraux et à déposer cette Charte, qui affirmera la neutralité de l'État et interdira le port de signes religieux ostensibles aux employés de la fonction publique et parapublique, comme les infirmières et les éducatrices des CPE. «Il faut tirer les leçons de l'histoire. Ce qui nous a divisés les dernières années, c'est l'absence de règles claires», a-t-il soutenu hier.

Il présentera ses orientations en septembre, et le projet de loi dans les semaines suivantes.

Il ajoute que la neutralité religieuse de l'État est «une condition d'égalité». «La meilleure façon d'assurer le respect de toutes les religions, c'est que l'État n'en ait aucune», dit-il.