Dépassements de coûts, étude incomplète sur l'intérêt de faire un partenariat public-privé ou absence de concurrence, Québec solidaire remet sérieusement en doute la probité des entreprises qui ont remporté l'appel d'offres de la construction du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et de son centre de recherche. Une enquête policière est réclamée.

Les députés Amir Khadir et Françoise David se sont rendu ce matin aux bureaux de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), accompagnés du président du parti, Andés Fontecilla Concha, et de la vice-présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Michèle Boisclair, pour déposer les résultats d'une enquête qu'ils ont menée au cours des derniers mois. 

« Les contrats pour le CHUM et son centre de recherche ont été attribués sans concurrence en 2010, au terme d'un processus d'appel d'offres où les concurrents des consortiums gagnants se sont retirés ou ont été disqualifiés pour avoir soumissionné au-dessus du cadre financier. (...) L'explosion des coûts en cours de route, et les récentes révélations devant la Commission Charbonneau sur certaines des entreprises qui forment les consortiums soulèvent des questions sur l'intégrité du processus », a déclaré le député de Mercier, Amir Khadir, lors d'un point de presse. 

La formation politique remet en question la décision du gouvernement de l'époque, formé par le Parti libéral du Québec, d'aller de l'avant avec un partenariat public-privé pour la construction des deux mégas-hôpitaux de la région montréalaise (le CHUM et le Centre hospitalier de santé McGill). 

Le cabinet Raymond Chabot Grant Thorton, qui a effectué en 2006 une étude pour le gouvernement qui concluait que le mode PPP était le plus avantageux pour la construction du mégahôpital, a par la suite obtenu « des mandats importants pour la suite du même projet », a indiqué Québec solidaire. 

« Depuis le début de la saga du CHUM, la décision du gouvernement de privilégier un partenariat public-privé a fait l'objet de nombreuses critiques, notamment de la part du vérificateur général. Ce dernier avait soulevé qu'il y avait un problème de fiabilité dans l'étude de Raymond Chabot Grant Thorton. Rappelons que des employés ou associés de cette firme ont donné 200 000 dollars au Parti libéral, entre 2008 et 2011 », a expliqué M. Khadir.  

« Au niveau du financement politique, certains de nos associés choisissent de façon personnelle s'ils veulent contribuer aux partis politiques. Maintenant, pour ceux qui ont recommandé que le CHUM soit construit en PPP, je suis certain qu'ils l'ont fait en croyant sincèrement que c'était la bonne chose à faire », a indiqué la directrice des communications chez Raymond Chabot Grant Thorton, Marie-Ève Carignan.

Québec solidaire remet également en question la probité des entreprises formant les consortiums, notamment Dalkia, une filiale de Veolia Environnement, qui a est impliqué dans des scandales de collusion ailleurs dans le monde, ont indiqué les porte-paroles du parti. 

Le directeur général du CHUM, Christian Paire, serait un partenaire de longue date de Dalkia. Il a été nommé à son poste en mai 2009. Près de deux ans plus tard, le consortium dont Dalkia fait partie gagnait l'appel d'offres, l'autre consortium ayant soumissionné avec un prix au-delà des limites budgétaires fixées.

« (Christian Paire) affirme dans le rapport annuel 2005 de Veolia que : ''Avec Dalkia, c'est un success-story qui dure depuis 30 ans!'' », écrit Québec solidaire dans les documents qu'ils ont remis à l'UPAC.

Le bureau de Christian Paire a refusé une demande d'entrevue à La Presse

L'UPAC a confirmé cet après-midi avoir reçu les documents de Québec solidaire, mais ne confirme pas si une enquête sera ouverte ou non. 

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, ainsi que la CSN, appuie la demande d'enquête de Québec solidaire.