La future Banque de développement économique promise par le gouvernement Marois risque de déboucher sur un réseau compliqué de structures en région. La structure d'Investissement Québec, qui compte déjà 17 bureaux régionaux, devra composer avec celle des Centres locaux de développement (CLD).

Mardi soir, la ministre responsable du dossier, Elaine Zakaïb, a donné aux députés péquistes un avant-goût du projet de loi que déposera le gouvernement dans les prochains jours. Mme Zakaïb avait déjà présenté son projet aux militants péquistes réunis à Drummondville, en février. Les CLD seront «partenaires» de la Banque en région.

Fait méconnu, les CLD apparus sous le gouvernement péquiste comptent sur une armée de 1600 employés répartis dans tout le Québec. Le réseau compte pas moins de 120 organismes distincts, qui, en 10 ans, ont reçu près d'un milliard pour leur fonctionnement et les subventions accordées localement.

Le projet de loi créant la Banque de développement économique, qui devrait être déposé dans les prochains jours - il a franchi l'étape du Conseil des ministres -, ne sera adopté qu'à l'automne.

Selon les informations obtenues par La Presse, le gouvernement compte s'appuyer beaucoup sur les CLD, plus sympathiques au PQ, et laisser en touche les Conseils régionaux des élus (CRE), une créature du gouvernement Charest.

Les CRE seront confinés à leur rôle originel de «concertation» régionale et continueront de relever des Affaires municipales. Québec annoncera son projet sans avoir identifié de président pour le nouvel organisme qui avalera Investissement Québec.

«Dédale de structures»

Pour le développement économique, il y aura sous peu passablement de personnel en région. Investissement Québec, qui sera avalé par la Banque, compte 120 employés à l'extérieur de Montréal - 17 bureaux régionaux. Investissement Québec compte 500 employés et a déjà intégré, l'an dernier, les effectifs de la SGF, plus d'une centaine de personnes. Une partie du défunt ministère du Développement économique sera aussi intégrée à la nouvelle structure; ils sont plus de 200 employés à Québec à attendre de savoir quelles seront leurs responsabilités.

À l'Assemblée nationale jeudi, le député libéral Laurent Lessard a mis en relief la complexité des structures envisagées et l'incertitude qu'elles apportaient. Le gouvernement Marois a créé un «dédale de structures» et les entreprises qui ont besoin d'assistance ne sauront plus à quelle porte frapper, a-t-il lancé.

Le député a exhibé un organigramme aussi imposant que difficile à déchiffrer, où la structure du tourisme avait été ajoutée à celle du développement économique, ont admis plus tard les libéraux. «À quelle porte l'industrie doit-elle frapper pour entrer?», a lancé en Chambre le député Lessard.

Incertitude

L'élu libéral a relevé l'incertitude créée par les changements annoncés, mais non réalisés. «Les derniers employés restant au ministère démantelé sont en attente d'être transférés pour de bon à Investissement Québec. Les employés d'Investissement Québec, eux, attendent le jeu de chaises musicales lié à l'intégration des nouveaux employés. Le comité de transition mis en place par le ministre des Finances est en attente de la création de nouvelles structures. Les dirigeants d'entreprises sont pris en otage par ce sabotage économique», a dit M. Lessard.

Pour la ministre responsable, Elaine Zakaïb, tout fonctionne normalement à Investissement Québec: «Il y a des emplois qui se créent, il y a des entreprises qui sont soutenues», a-t-elle dit.

Mme Zakaib a vanté un projet de loi «qui va créer une institution, qui va doter le Québec d'un nouveau souffle, qui va l'amener plus loin en développement économique, avec une vision d'avenir».

Les régions auront un rôle déterminant dans leur développement. «C'est important que le développement économique se fasse sur une base régionale au Québec et, vous allez voir, il y aura plus de pouvoirs, du développement économique par et pour les régions.»