Les négociations entre le gouvernement Marois et l'opposition s'annoncent corsées. Les nantis paieront la facture de l'abolition de la taxe santé, ce n'est «pas négociable», a fait savoir mercredi le ministre des Finances, Nicolas Marceau.

Le gouvernement Marois est selon lui guidé par un principe énoncé en campagne électorale: «Abolir la taxe santé et transférer le fardeau fiscal de 1 milliard de dollars vers les contribuables les plus nantis.» «Il faut absolument que ce principe soit respecté», a-t-il insisté. Le gouvernement tient à éliminer la taxe de 200$ cette année, comme promis.

Quant aux moyens à prendre pour augmenter le fardeau fiscal des nantis, le ministre se dit «ouvert». Son «scénario privilégié» est d'augmenter les impôts des Québécois qui gagnent plus de 130 000$, de hausser la portion imposable des gains en capital et de réduire le crédit d'impôt sur les revenus de dividendes de façon rétroactive. «Nous sommes souples sur les moyens. Cela inclut la rétroactivité, cela inclut les dividendes, les gains en capital, le type de hausses à l'impôt. L'important, c'est que l'esprit de la proposition que nous avons faite soit respecté», a-t-il expliqué.

La Presse a indiqué mercredi que le gouvernement va renoncer à la rétroactivité de deux des trois mesures fiscales, celles qui concernent les gains en capital et les dividendes, qui ne touchent pas que les contribuables aisés.

Une chose est sûre: le gouvernement Marois veut remettre la facture de l'abolition de la taxe santé aux nantis. «C'est la seule façon par laquelle on peut respecter le principe que nous avons mis de l'avant. Ce qui n'est pas négociable, c'est abolir la taxe santé et remplacer la perte de revenus que cela occasionne par des taxes et des impôts plus élevés pour les nantis. C'est notre orientation et on va s'assurer que la solution à laquelle on arrivera à la fin des négociations avec l'opposition respecte ça», a soutenu M. Marceau.

Il entend faire des «propositions claires» à l'opposition dans les prochaines semaines, avant le début des travaux de l'Assemblée nationale le 30 octobre. Il s'attend également à ce que les partis de l'opposition lui en fassent. «Nous sommes ouverts. Nous sommes conscients que nous sommes un gouvernement minoritaire», a-t-il dit. Pour tenter de convaincre l'opposition, il a fait valoir que son intention d'abolir la taxe santé n'augmente pas le «fardeau fiscal total des particuliers». «Tout ce qu'il y a, c'est un transfert», a-t-il plaidé.

Les libéraux contre une hausse d'impôt

Les libéraux ne veulent pas abolir la taxe santé, une création de leur ancien gouvernement. Ils seraient par contre ouverts à rendre à la taxe santé «plus progressive». Elle le serait déjà, pense leur chef intérimaire, Jean-Marc Fournier. Environ 1,1 million de Québécois à faible revenu en sont épargnés. Et 1,6 million de Québécois ne la paient qu'en partie. Pour les 5 millions de Québécois qui la paient, la taxe reste toutefois la même, peu importe le revenu: 200$.

Comment financer un changement de la taxe pour la rendre plus progressive? M. Fournier s'oppose à une hausse des impôts. «Le premier réflexe d'un gouvernement, ce doit être de créer de la richesse. Pas de la taxer», dit-il. Il demande au gouvernement de réduire ses dépenses au lieu de piger dans les poches des contribuables. Il refuserait toute augmentation du fardeau fiscal pour le gain en capital ou les dividendes. Même une augmentation moins grande que celle annoncée initialement par le Parti québécois.

M. Fournier ne voudrait pas faire tomber le gouvernement maintenant sur cette question. Les péquistes viennent tout juste d'être portés au pouvoir, rappelle-t-il. La population s'attend à ce que les partis travaillent ensemble. «Nous avons tous une obligation à trouver des terrains d'entente. Je ne vais pas baisser les bras dès le départ.» Il demande à M. Marceau de présenter sa solution de compromis d'ici la fin de la semaine prochaine.