La satisfaction à l'égard du gouvernement Charest a augmenté de façon importante, conséquence probable de l'approbation par la population de sa position dans l'affrontement avec les étudiants.

> En graphique: les intentions de vote des Québécois

> En graphique: les Québécois et le conflit étudiant

> Notre dossier sur le conflit étudiant

Cela ne se matérialise pas pour autant en intentions de vote - le Parti libéral (PLQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ) font du surplace tandis que le Parti québécois (PQ) de Pauline Marois encaisse un nouveau recul.

C'est ce que constate la maison CROP dans un sondage mené pour La Presse auprès de 800 internautes. Réalisée mercredi et hier, l'enquête constate que l'insatisfaction a diminué de six points, à 67 %. Elle avait atteint 73 % à la fin du mois d'avril, mais depuis le début de l'année, le taux d'insatisfaction semblait figé à 70 %. Inversement, les «satisfaits», qui comptaient pour 24 % des répondants à la fin du mois d'avril, sont désormais 32 %. «C'est une hausse marquée et étonnante, car si les baisses sont parfois subites, les remontées se font sur une plus longue période», observe Youri Rivest, vice-président de CROP.

Selon lui, ce renversement de tendance peut encourager les libéraux. Cette remontée, analyse-t-il, est probablement nourrie par l'attitude du gouvernement devant les étudiants. «Mais déclencher des élections là-dessus serait très téméraire, la glace reste très mince quand deux Québécois sur trois se disent insatisfaits», résume-t-il. Si on y regarde de plus près, 72 % des francophones demeurent mécontents du gouvernement. Question inusitée : qui, selon vous, va remporter les prochaines élections? Ici, 46 % des répondants prédisent une victoire libérale, tandis que 37 % s'attendent à ce que Pauline Marois devienne première ministre. Seulement 13 % des gens voient la Coalition avenir Québec l'emporter.

Les Québécois ne sont d'ailleurs pas pressés d'aller voter; 23 % souhaitaient des élections avant l'été, 42 % s'attendent à ce qu'elles soient déclenchées à l'automne et 35 % jugent le printemps 2013 plus propice. «C'est rare que les gens veulent des élections», observe M. Rivest. Les électeurs libéraux penchent à 60 % pour 2013, 24 % des caquistes choisissent aussi le scénario le plus éloigné, mais 85 % des péquistes souhaitent que le scrutin ait lieu en 2012.

S'il n'en tient qu'aux électeurs, le ménage dans les dépenses gouvernementales devrait être le thème dominant de la campagne (29 %), suivi de la corruption (21 %) et de la santé (18 %). Le bilan du gouvernement et les droits de scolarité ferment la marche à 11 %, une surprise pour le sondeur. «Habituellement, la santé est toujours au premier rang», souligne M. Rivest.

PQ en baisse

Les intentions de vote ne changent pas pour le PLQ et la CAQ par rapport au sondage CROP d'il y a deux semaines. Les libéraux gagnent un point, à 31 %, tandis que la CAQ en perd un, à 24 %. «Les deux partis sont à peu près stables», résume le sondeur. À l'inverse, le Parti québécois semble poursuivre une glissade amorcée le mois dernier. Le parti de Pauline Marois obtenait 34 % en mars, il est ensuite descendu à 28 % en avril et glisse encore à 25 % dans cette dernière enquête. Les appuis à Québec solidaire restent les mêmes, à 8 %. De tels scores mèneraient à coup sûr à un gouvernement minoritaire; les libéraux seraient en avance, même si, en obtenant l'appui de 24 % des francophones seulement, ils ne sont pas «en zone de confort». Le PQ est premier chez les francophones avec 30 %, talonné par la CAQ avec 29 %.

Dans l'île de Montréal, les libéraux sont le choix d'un électeur sur trois. Ils devancent le PQ, à 22 %, et la CAQ, qui a un maigre score de 13 %. C'est dans la couronne que François Legault fait recette avec 27 % d'appuis, contre 28 % au PQ et 31 % au PLQ. Dans la région de Québec, le PLQ et la CAQ sont au coude à coude, avec 35 % et 33 % respectivement.

Quand on leur demande si leur choix est définitif, 76 % des partisans de la CAQ disent qu'ils peuvent changer d'idée. Un péquiste sur deux (49 %) et 40 % des libéraux disent aussi que leur choix n'est pas définitif, une volatilité surprenante pour les deux «vieux» partis, observe M. Rivest.

Chez les «caquistes volatils», le PQ représente le deuxième choix de 43 % des répondants. Les péquistes susceptibles de changer de parti se retrouveraient aussi à 43 % derrière M. Legault. «On voit que ce sont des vases communicants, c'est là que se joueront les élections», prédit Youri Rivest.

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Méthodologie

La collecte de données en ligne s'est déroulée les 2 et 3 mai 2012 par l'entremise d'un panel web. Un total de 800 questionnaires ont été remplis. Les résultats ont été pondérés afin de refléter la distribution de la population adulte du Québec selon le sexe, l'âge, la région de résidence et la langue maternelle des répondants. Notons finalement que compte tenu du caractère non probabiliste de l'échantillon, le calcul de la marge d'erreur ne s'applique pas.