Accusé au criminel et objet d'une enquête du commissaire à l'éthique depuis quelques jours, le député indépendant Tony Tomassi a démissionné hier. Il devrait pouvoir toucher une indemnité de départ de près de 122 000 $, calcule la Ligue des contribuables.

«S'il a le sens de l'honneur, il y renoncera. Il n'a pas fait son travail depuis deux ans!», lance le caquiste Éric Caire.

L'ex-ministre libéral de la Famille a annoncé sa démission dans un communiqué laconique. «Tout au long des années, j'ai représenté avec fierté les électeurs de La Fontaine et je suis reconnaissant de la confiance qu'ils m'ont réitérée à trois occasions depuis 2003. Dans toute circonstance, j'ai cherché à demeurer un député présent dans le comté, accessible et à l'écoute des citoyens», a-t-il simplement affirmé.

Fraude et abus de confiance

M. Tomassi a été accusé l'automne dernier de fraude contre le gouvernement et d'abus de confiance. Les faits qu'on lui reproche se sont déroulés entre juillet 2006 et mai 2010. Il aurait accepté un avantage, une récompense ou un bénéfice du patron de BCIA, Luigi Coretti. Cette firme au passé trouble négociait alors avec le gouvernement. M. Tomassi a utilisé une carte de crédit de BCIA pour payer de l'essence, et ce, même s'il recevait une allocation pour ses frais de transport. En échange, il aurait tenté d'influencer le gouvernement.

Après avoir défendu son ministre, M. Charest l'avait finalement démis de ses fonctions et expulsé du caucus libéral en mai 2010.

M. Tomassi siégeait depuis comme indépendant. Mais il ne s'est presque plus jamais présenté en Chambre. Il avait fait une rarissime apparition en décembre 2010 pour enregistrer ses voeux de Noël. Malgré ses absences, il continuait de recevoir son salaire. Comme le nouveau code d'éthique des élus n'est entré en vigueur qu'en janvier 2012, M. Tomassi ne pouvait pas être sanctionné. Et les accusations criminelles qui pesaient sur lui ne suffisaient pas pour le faire destituer.

La semaine dernière, près de cinq mois après l'entrée en vigueur du nouveau code d'éthique, M. Caire a officiellement demandé au commissaire d'enquêter sur l'absentéisme du député indépendant. Le caquiste souhaite que le commissaire poursuive son enquête. Ce dernier peut seulement formuler une recommandation. L'Assemblée nationale décide ensuite si elle l'adopte. M. Caire espère qu'on demandera à M. Tomassi de rembourser ses indemnités.

Le scandale des garderies

M. Tomassi n'a pas seulement été éclaboussé par l'affaire BCIA. Sa gestion des garderies a aussi été sévèrement critiquée. Le péquiste Nicolas Girard l'avait accusé d'utiliser les permis de garderie pour financer le Parti libéral. «On a donné des places [en garderie] à 7 $ à des organisateurs libéraux ou à des spécialistes de l'abattage bovin, au détriment des spécialistes de la petite enfance. M. Tomassi était le seul député qui avait six propriétaires de garderies privées sur son exécutif de comté. Ça doit être le fruit du hasard», ironise aujourd'hui M. Girard.

Il croit que M. Tomassi «n'était pas seul». «Comme l'a démontré le rapport du vérificateur général l'automne dernier, Michelle Courchesne a fait du fling-flang avec des places à 7 $», accuse-t-il.

Tony Tomassi a gardé le silence depuis son expulsion du caucus libéral et il entend le conserver. «Monsieur Tomassi ne donnera pas d'entrevue», précise son communiqué.