Jean Charest a laissé entendre lundi qu'il était confiant de voir Ottawa revenir sur ses pas et accepter de s'asseoir avec les provinces pour négocier un nouvel accord sur les transferts fédéraux en santé.

Sourire en coin, le premier ministre du Québec a expliqué qu'avec ses années passées au gouvernement, il était habitué de voir le fédéral faire valoir une position très ferme puis se plier à des discussions.

M. Charest et ses collègues sont réunis à Victoria pour une réunion du Conseil de la fédération, un forum créé à l'initiative du premier ministre québécois.

L'ensemble des premiers ministres provinciaux du pays veulent modifier le nouveau système de calcul des transferts fédéraux en santé, décrété unilatéralement par le ministre Jim Flaherty fin 2011.

Les premiers ministres des provinces et territoires se sont montrés particulièrement mécontents de l'absence de tout financement spécial pour les coûts importants liés au vieillissement de la population.

Ottawa prévoit un financement par habitant qui ne prend pas en compte le nombre de personnes âgées résidant dans chaque province. Mais Jean Charest ne s'en fait outre mesure avec le ton ferme que les conservateurs ont décidé d'adopter.

«Les débats avec le gouvernement fédéral, j'en ai fait plusieurs au cours des années. Je me suis fait annoncer à plusieurs reprises que c'était fini, qu'il n'y aurait plus de discussions», a-t-il lancé, flanqué de son ministre des Affaires intergouvernementales, Yvon Vallières. «M. Harper donne une entrevue aujourd'hui, il va dire des choses. On a du temps.»

Pour M. Charest, le comportement du fédéral dans d'autres dossiers démontre bien que Jim Flaherty n'a pas franchi le Rubicon et que rien n'est encore joué.

«On vit dans un système fédéral de gouvernement. Le meilleur exemple que je peux vous donner, c'est la commission des valeurs mobilières nationale», a-t-il expliqué. «Le gouvernement fédéral, à ma connaissance, avait une position très ferme là-dessus. Le Québec avait certainement une autre vision, et la Cour suprême du Canada en a décidé autrement.»

Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Darrell Dexter, a fait valoir qu'un financement égal pour chaque province basé sur sa population ne représentait pas nécessairement un financement équitable pour chacun. Selon lui, le système annoncé par Ottawa pèsera extrêmement lourd sur le système de santé, puisque seulement dans sa province, la proportion d'aînés doublera au cours des 20 prochaines années.

Le Québec, l'Ontario, la Nouvelle-Écosse, le Manitoba et Terre-Neuve-et-Labrador, notamment, ont reproché au ministre Flaherty d'avoir imposé sa méthode de calcul sans faire de place à la négociation.

A contrario, la première ministre britanno-colombienne Christy Clark s'était réjoui de l'annonce d'Ottawa, soulignant que le financement fédéral serait à présent accordé sans conditions. Elle a par la suite joint sa voix à celle de ses homologues et demande maintenant à Ottawa de prévoir un financement spécial pour les aînés.

D'autre part, le premier ministre Charest compte aborder la question des transferts fédéraux dans son ensemble, puisqu'il ne souhaite pas que les transferts dans certains domaines réduisent ceux dans d'autres secteurs.

Le docteur John Haggie, président de l'Association médicale canadienne, a fait valoir lundi que les premiers ministres doivent saisir l'occasion d'évaluer de nouvelles méthodes pour financer et améliorer le système de santé canadien.