Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, doit annoncer aujourd'hui qu'il intentera un recours juridique contre Ottawa afin d'empêcher la destruction des données du registre fédéral des armes d'épaule.

Une conférence de presse est prévue à 10h mardi matin à Québec. M. Dutil sera accompagné de «victimes de violence par armes à feu, de policiers et d'experts en santé et en sécurité», annonce la convocation. Selon une source, le ministre parlera de «recours», et non pas d'injonction.

Depuis plusieurs semaines, des groupes de victimes, dont Polysesouvient, ainsi que l'opposition pressent le gouvernement Charest de demander une injonction.

Comme ils s'y étaient engagés, les conservateurs aboliront le registre des armes à feu avec le projet de loi C-19. Mais ils iront encore plus loin. Ils veulent aussi détruire les données, ce dont ils n'avaient jamais parlé lors de la dernière campagne électorale.

L'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité cet automne une motion pour exiger que le contrôleur des armes à feu «prenne toutes les mesures nécessaires afin de préserver l'intégralité des données provenant du Québec inscrites au registre des armes à feu».

M. Dutil s'est rendu à Ottawa pour dénoncer le projet de loi C-19 en commission parlementaire et des associations de policiers et de victimes ont attaqué l'argumentaire des conservateurs. On y a aussi appris que, dans une note interne, un haut fonctionnaire fédéral s'est inquiété du fait que la fin du registre risque de s'accompagner d'une hausse de la vente illégale d'armes à feu.

M. Dutil a déjà indiqué qu'il veut mettre sur pied un registre québécois des armes d'épaule. Mais si Ottawa ordonne la destruction des données, Québec devra abandonner l'idée. Recommencer le travail à zéro coûterait trop cher, a déjà expliqué le ministre. Par l'entremise de ses impôts, Québec a déjà payé le quart du programme, environ 250 millions.

Il y a plus d'un mois, des juristes ont soutenu à La Presse qu'il y avait de bonnes chances qu'un tribunal accepte d'entendre une demande d'injonction ou un autre type de recours juridique. Mais même si la cause était entendue, elle serait très difficile à gagner, selon eux.