La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, dit songer à amender la Loi 101 pour qu'elle s'applique aussi aux filiales de la Caisse de dépôt et placement. Mais elle répète en même temps que la Charte offre déjà la protection nécessaire.

«Le premier ministre a dit qu'il n'était pas fermé à cette chose-là. Nous allons l'analyser sur le plan juridique», a-t-elle affirmé hier.

La Presse révélait mardi dernier que Ivanhoé Cambridge, filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement, comptait deux hauts dirigeants unilingues anglophones: son président et son vice-président, qui est responsable de l'embauche. Selon l'article 20 de la loi 101, il faut maîtriser le français pour être engagé dans une administration publique.  Mais les filiales de la Caisse ne sont pas soumises à cette exigence.

Mme St-Pierre assure néanmoins que la Charte de la langue française s'applique «à toutes les entreprises au Québec. «Les articles 45 et plus parlent de cette situation-là. L'Office (québécois de la langue française) peut agir comme médiateur. Si l'entreprise est syndiquée, la plainte peut être portée au syndicat. Il y a la Commission des normes du travail également qui peut être chargée d'analyser la situation», explique-t-elle.

Si la ministre devait malgré tout proposer des amendements, elle n'en profitera pas pour y ajouter les éléments abandonnés du projet de loi 103. Cette loi, déposée l'année dernière, répondait au jugement de la Cour suprême sur les écoles passerelles. Mme St-Pierre y modifiait aussi la Charte des droits et libertés pour renforcer le français. On ajoutait au préambule que le français «est la langue officielle du Québec» et «un élément fondamental de son patrimoine culturel et de sa cohésion sociale». On demandait aux cégeps et universités de diffuser leur politique linguistique et de faire rapport. Et on aurait aussi pu forcer les organismes municipaux à se doter d'une politique linguistique.

Le gouvernement Charest avait finalement déposé un nouveau projet de loi, le 115, qui ne contenait que les éléments sur les écoles passerelles, et l'a adopté sous bâillon. Il ne voulait pas modifier la Charte des droits sans compléter le débat.

Même si le gouvernement libéral est majoritaire, la ministre indique qu'en raison des critiques du PQ, elle ne veut pas déposer une loi avec ces mesures renforçant le français. «Ils avaient ridiculisé notre gouvernement puis ils avaient traité nos mesures d'enrobage», justifie-t-elle.  Elle craint que l'opposition ne fasse de l'obstruction pour bloquer le projet de loi en commission.

Le PQ ne demande d'ailleurs pas le rappel de ces mesures. «Si la ministre a la volonté de rouvrir la loi 101, j'aurai beaucoup de suggestions à lui faire. Alors, allons-y», a simplement indiqué son porte-parole en matière de Langue, Yves-François Blanchet.